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naissance à un nouvel empire austro-hongrois. Il rappelait les efforts de M. de Beust convié par François-Joseph à entreprendre la tâche si difficile de réorganiser l’Empire après une catastrophe qui avait ruiné les finances et bouleversé le pays. M. de Beust avait reconnu la nécessité d’un complet accord entre l’Autriche et la Hongrie et s’était efforcé de réintégrer le royaume de Saint-Etienne dans son droit historique.

Grâce à lui, le parlement de Pesth avait pu se déclarer la fidèle représentation de tous les peuples soumis au sceptre de François-Joseph, mais on ne pouvait en dire de même du Reichsrath où le génie dominateur des Allemands et l’esprit peu politique des Slaves avaient amené l’anarchie. Ceux-ci, en effet, au lieu de s’unir aux Polonais et aux députés autrichiens du Tyrol pour former une majorité, avaient laissé aux Polonais seuls l’ingrate et rude mission de défendre les idées d’équité et d’autonomie. Les difficultés et les périls s’accentuaient. En Bohême, le gouvernement était dans l’impossibilité de faire passer un seul candidat ministériel. La Dalmatie s’insurgeait. Que fallait-il faire pour arriver à un accord ? Maintenir la constitution du 21 décembre 1867 avec quelques modifications qui permissent aux Slaves de jouir des bienfaits d’une liberté commune ; faire à la Galicie et à la Bohême la même situation que le Parlement de Pesth avait su faire à la Croatie ; proclamer là aussi une loi des nationalités et prendre en considération les vœux légitimes des royaumes et des divers pays de la monarchie qui aspiraient à une certaine autonomie. Klaczko trouvait que le cabinet cisleithan avait tort de s’opposer à toute concession faite au sentiment polonais ; mais il reconnaissait que M. de Beust avait montré plus de souci et de dignité de son souverain en déclinant tout débat au sujet de la Galicie. Il regrettait qu’on voulût empêcher l’ingérence du ministre des Affaires étrangères de l’Empire dans les affaires cisleithanes, comme s’il était possible à cet homme d’État, qui répondait de la sécurité et du prestige de la monarchie devant l’étranger, de ne pas s’inquiéter de la situation intérieure de la monarchie. Klaczko louait donc M. de Beust d’être intervenu dans la lutte de races qui désolait l’Autriche-Hongrie ; il le félicitait d’avoir combattu les folles mesures de centralisation excessive et facilité un accord avec les populations non germaniques. M. de Beust ne pouvait être suspect aux Allemands de Vienne. Ni clérical, ni féodal, ni fédéral, il n’avait pas en lui