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en divers lieux et dans plusieurs questions. Elle nous a consacré ses bons offices… Nous ne connaissons pas d’autre politique que de donner une chaude poignée de main à ceux qui accompagnent de leurs sympathies la transformation de l’Autriche-Hongrie. » Cette politique, applaudie par les Délégations, était fort approuvée par Julian Klaczko qui suivait tous ces événemens avec la plus vive attention. Aussi ne se fit-il pas prier pour accepter le poste de conseiller aux Affaires étrangères de Vienne où M. de Beust avait fait appel à son savoir et à son talent.

Klaczko ne se borna pas à défendre sa patrie, la Pologne, mais encore la France, dès qu’il la vit aux prises avec la Prusse. Elu en 1870 au Reichsrath, dans le Landtag galicien, et persuadé que la guerre nouvelle, si elle tournait à l’avantage de la Prusse, sérail aussi néfaste à l’Autriche qu’à la France, il se laissa aller à prononcer un grand discours en faveur de notre pays. Mais la situation, faite au gouvernement autrichien par ces paroles enflammées qui dénonçaient les desseins sinistres de la Prusse, eût été singulièrement délicate ; et l’on devine quel parti en eût tiré M. de Bismarck, toujours à l’affût de quelque incident, si Klaczko ne l’eût compris lui-même et n’eût aussitôt offert sa démission. Il importe de donner le texte de ce document si honorable pour la mémoire de son auteur.


« Vienne, le 5 septembre 1870. — Obligé envers la France par vingt années d’une hospitalité libéralement accordée, profondément pénétré en outre de l’immense péril que le triomphe définitif de la Prusse créerait à l’équilibre européen et à l’existence même de l’Autriche, j’ai saisi la première occasion qui s’est présentée pour exprimer hautement cette conviction personnelle. Devant une assemblée polonaise, j’ai fait appel à nos anciennes sympathies qui, à l’heure qu’il est, me semblaient s’accorder entièrement avec notre dévouement pour les intérêts de l’Empire autrichien. En agissant ainsi, j’accomplissais un devoir que ma conscience m’imposait, mais je ne me faisais pas illusion sur la responsabilité personnelle que j’assumais comme fonctionnaire public, attaché au ministère de Votre Excellence. J’ai donc l’honneur de remettre ma démission aux mains de Votre Excellence en la priant de vouloir bien être indulgente envers une conduite assurément irrégulière, mais inspirée par des sentimens sincères, et de ne point douter de la parfaite gratitude et de l’affectueux