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LA CRISE ÉCONOMIQUE DE 1907
ET LES
ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE


I

Lorsqu’on a parlé des crises, lorsqu’on a discuté sur elles, écrit des volumes et construit des théories, on a presque toujours négligé une partie essentielle du problème ; on n’a voulu considérer que le moment où les prix des marchandises et des valeurs mobilières baissent, et on a même cru que c’était cette baisse qui constituait la crise. Or, si l’on entend par ce mot une époque anormale, une tension excessive des ressorts du crédit, une évaluation exagérée des ressources de la production et surtout de la capacité de la consommation, on doit faire remonter l’origine et par conséquent l’étude de la crise à une époque bien antérieure à celle à laquelle on se place généralement. N’est-ce pas en effet une crise que cette période de surexcitation industrielle et financière, au cours de laquelle les commandes se multiplient, le prix des matières premières ne cesse de s’élever, les sociétés se fondent de toutes parts, leurs titres montent, les spéculateurs grossissent leurs engagemens, le loyer des capitaux disponibles renchérit ? Et pourtant la foule ne crie à la crise que lorsque tout ce mécanisme se ralentit, les carnets des usines se remplissent moins vite, les cours des métaux et des produits fabriqués fléchissent, les actions baissent à la Bourse, et la panique s’empare des haussiers qui, après n’avoir songé qu’à