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REVUE MUSICALE

RÉOUVERTURE DE L'OPÉRA - FAUST - VIOLONNISTES ET VIOLONS

« Vous approchez encore, ombres flottantes et déjà naguère apparues à mes regards. Tenterai-je cette fois de vous retenir, et mon cœur se retrouvera-t-il sensible à vos prestiges ? »

On peut les saluer aujourd’hui comme faisait Goethe lui-même au début de son œuvre, ces figures depuis longtemps amies. On vient de les revoir sous d’autres aspects, d’autres vêtemens, presque avec d’autres visages et comme dans un monde ou dans un « milieu » transformé. Désireuse avec raison de rendre ses premiers devoirs à l’un des plus glorieux et des plus fructueux chefs-d’œuvre de la musique nationale, la nouvelle direction de l’Académie nationale de musique a voulu nous présenter un Faust matériellement tout neuf, et musicalement (il ne s’agit, cela va sans dire, que de l’exécution), revu et corrigé aussi.

La nouveauté matérielle, en son principe d’abord, et puis dans ses effets, a paru quelquefois heureuse. La mise en scène, — par où ne s’entendent pas seulement les décors et les costumes, mais les gestes et les mouvemens, l’action visible, individuelle ou collective, des personnages, — atteste le goût et la recherche d’un accord plus intime entre le drame et le spectacle et de cette vraisemblance qu’au théâtre on nomme vérité.

J’entends encore Gounod me disant de Mme Carvalho, son exquise interprètent que d’ailleurs il se plaisait à proclamer telle : « Oui, mais n’oublie jamais qu’elle a créé Mireille, habillée en Suissesse. » Avec ses deux longues nattes, Marguerite aussi, comme tête au moins, sembla longtemps être du même pays. Aujourd’hui, elle a l’air plus