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dynastie issue d’Hugues Capet avait fini par régner sur la France. Le rôle que le Piémont a joué dans l’affranchissement de l’Italie a été la juste récompense de cette fidélité. Lorsqu’un peuple, petit ou grand, a su incarner avec persistance dans une famille ses ambitions et ses espérances, il est rare qu’il n’en résulte pas pour lui, à la longue, un accroissement de puissance et de grandeur. La prodigieuse fortune du Piémont n’est pas le seul exemple que nous en offre l’histoire. La fidélité du Brandebourg à la maison de Hohenzollern, dont le congrès d’Utrecht devait également consacrer la dignité royale, n’a pas médiocrement servi à la fortune de la Prusse. De tous les États représentés à ce congrès, le Piémont et la Prusse sont les seuls qui aient vu depuis lors s’étendre leur territoire, on sait dans quelles proportions. Cette leçon est-elle la seule qui se dégage des enseignemens de l’histoire, et n’est-il pas permis d’en tirer une autre des événemens qui, à la fin du XVIIIe et du XIXe siècle, ont changé la face de l’Europe et rompu l’équilibre entre les puissances ? C’est que les peuples qui ont séparé leur fortune d’avec celle de leur dynastie nationale ont eu plus souvent à s’en repentir qu’à s’en féliciter ?


HAUSSONVILLE.