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simples du général de Giorgis, chef de la gendarmerie internationale, et de la commission financière. Les ambassadeurs à Constantinople sont obligés d’insister à plusieurs reprises pour obtenir l’engagement formel que le supplément de 3 pour 100 sera intégralement appliqué à l’œuvre des réformes dans les trois vilayets. Les rapports de M. Steeg, délégué français à la commission financière, font un tableau attristant de la pénurie d’argent contre laquelle s’épuisent les efforts de l’inspecteur général, de la commission et des agens civils : les fonctionnaires, les soldats ne sont pas payés, ou il faut, pour les payer irrégulièrement, recourir à des expédiens. Enfin le 3 pour 100 sur les douanes est accordé, la Banque ottomane consent de grosses avances de fonds qui permettent d’équilibrer le budget des trois vilayets : on peut espérer que le gouvernement turc va organiser sérieusement la poursuite des bandes et s’appliquer de bonne volonté à la pacification et aux réformes. L’Autriche et la Russie, continuant sans conviction l’application du programme de Mürzsteg, présentent un projet de réforme et d’inspection des services judiciaires que l’Angleterre réclame depuis longtemps. En même temps, elles publient une note destinée à expliquer le fameux article 3, ou plutôt à le retirer. Les grandes puissances appuient mollement l’action indécise des « puissances de l’entente ; » on a l’impression de toutes parts que le programme de Mürzsteg est insuffisant et que la politique dont il est l’expression a fait son temps. Ces affaires de Macédoine, éternellement renaissantes, découragent les bonnes volontés, lassent les patiences. Les ambassades, à Constantinople, ont bien d’autres affaires, elles ont les « affaires, » l’âpre concurrence pour le commerce, pour les concessions de mines ou de chemins de fer dont elles ne peuvent pas se désintéresser. Comment faire aboutir ces « affaires » pour lesquelles les ambassades ont besoin de la Porte et, en même temps, toujours revenir sur ces irritantes questions de Macédoine, toujours réclamer de nouvelles réformes pour, toujours, entendre la même réponse qui peut se résumer ainsi : « Le gouvernement ottoman fait tout ce qu’il peut pour donner satisfaction aux puissances, plus même qu’il ne peut ; il souffre plus que personne de l’état d’insécurité et d’anarchie qui désole les trois vilayets, mais l’ordre se rétablirait de lui-même si l’Europe voulait bien parler ferme à Sofia, à Belgrade et à Athènes et obliger les États balkaniques à ne plus fournir aux