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contraire, il est auteur de délit ou de crime, elles sont à la charge de l’Administration pénitentiaire.

Signalons enfin la loi du 8 juillet 1907 sur la protection et la tutelle des enfans naturels. En accordant la puissance paternelle à celui des père et mère qui a le premier reconnu l’enfant, et en organisant la tutelle de ces enfans, elle a effacé les dernières traces du préjugé (art. 1) défavorable qui, depuis le moyen âge, pesait sur ces pauvres êtres. En somme, les dernières lois ont amélioré notablement la situation des enfans moralement abandonnés, en transférant sous la tutelle « plus paternelle » de l’Assistance publique des milliers d’enfans, autrefois traités comme des criminels et confiés à l’administration pénitentiaire, et en substituant jusqu’à vingt et un ans la méthode préservatrice et pédagogique à la répression brutale.


II. — INSTITUTIONS FRANÇAISES

Comme il arrive le plus souvent, l’initiative des philanthropes a devancé les prescriptions du législateur dans l’œuvre de protection de l’enfance. Saint Vincent de Paul a eu le mérite d’organiser l’assistance des enfans trouvés et d’y intéresser les dames nobles ; c’est à lui que nous devons le premier asile pour ces pauvres créatures, et la première congrégation de femmes vouées à leur service : les « Filles de la Charité » sont devenues, par le miracle de l’amour chrétien, comme leurs secondes mères. Le législateur de 1805, celui de 1811 n’ont guère perfectionné son œuvre et n’ont eu qu’à s’inspirer de son ingénieuse sollicitude.

En 1840 et 1844, ce sont deux grands hommes de bien, un agronome et un magistrat, M. de Gasparin, ministre de l’Agriculture et M. Demetz, conseiller à la Cour de Paris, qui, émus de pitié pour ce qu’ils appelaient « d’innocens malfaiteurs, » fondèrent les deux premières colonies pour le redressement des enfans enclins au vice ou même déjà délinquans. Leur méthode consistait à améliorer la terre par l’enfant et l’enfant par la terre. M. Demetz, secondé par le vicomte de Courteilles et par M. Drouyn de Lhuys, président de la Société paternelle, et par le comte de Gasparin, fonda la Colonie agricole de Mettray, près Tours (Indre-et-Loire), en 1840.

A côté de la colonie agricole, destinée aux enfans pauvres et réfractaires, M. Demetz établit, quelques années après, la