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consacrer une journée par semaine à la garde des écoliers, dans les mêmes conditions.


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Essayons, en terminant, de comparer les lois et les institutions françaises avec celles des Pays-Bas et des pays Scandinaves. Ces dernières, en effet, sauf des nuances de détails, offrent beaucoup de ressemblance et peuvent être groupées ensemble. La législation sur l’enfance, y étant de date plus récente, est plus homogène et mieux coordonnée. Elle donne aux autorités municipales, judiciaires, ou à l’Assistance publique plus de facilité pour retirer l’enfant en danger moral à des parens vicieux et permet, sans déclarer ceux-ci à jamais déchus de leurs droits paternels, de les en décharger provisoirement ; enfin, elle fait une plus large part aux femmes dans les inspections et dans-les conseils de tutelle. Outre les écoles de réforme et les internats correctionnels, il y a dans ces pays du Nord une grande variété d’asiles privés correspondant à toutes les notes du clavier de la misère des enfans. Mais, ce qui nous y a frappés surtout, c’est l’appel fait par l’Etat au concours des Eglises et des associations privées, et l’entente féconde régnant entre les diverses autorités qui concourent au sauvetage de l’enfance moralement abandonnée.

Chez nous, au contraire, la part faite à l’Etat, c’est-à-dire à l’Assistance publique, est beaucoup trop considérable et tend à s’accroître encore, depuis trois ans, de tout ce que les lois de juin 1904 ont retiré à l’Administration pénitentiaire. Le système d’inspection et de tutelle est maintenant bien organisé, mais par l’effet de la tendance à tout laïciser, l’Etat montre une méfiance de plus en plus grande, et souvent peu justifiée, à l’égard des colonies et des autres institutions de préservation à base religieuse. Notre magistrature, par un respect scrupuleux pour l’autorité paternelle, qui l’emporte sur le souci de l’enfance malheureuse, répugne à prononcer la déchéance en vertu de la loi du 24 juillet 1889. Enfin, faut-il l’avouer ? il y a souvent peu d’accord entre le Parquet et la Préfecture de police, entre les juges d’instruction et l’Assistance publique, pour les mesures de préservation à appliquer. À ce point de vue, les Etats-Unis d’Amérique sont en avance sur nous, par leur