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particulièrement frappés du langage du Roi sur le traité de Prague : l’entente à établir au sujet du lien national entre le Nord et le Sud est, suivant le langage du Roi, l’objet de sa constante sollicitude. Mais Sa Majesté s’est abstenue d’ajouter que cette clause stipule pour le Sud une situation internationale indépendante, et cette omission donne à ses paroles une signification peu conforme à l’esprit des arrangemens de 1866. J’ai été conduit ainsi à rappeler la politique que nous suivons à l’égard de l’Allemagne. « Le Cabinet du 2 janvier accepte sans arrière-pensée le statu quo tel qu’il est en Allemagne, et nous n’avons point l’intention de réagir contre les événemens accomplis. Notre programme est la paix. Nous en désirons vivement le maintien… mais nous devons veiller attentivement à ce que l’état actuel ne s’aggrave pas au préjudice de l’équilibre européen et à notre propre détriment. L’indépendance de l’Allemagne méridionale est aujourd’hui une garantie de cet équilibre et de la bonne harmonie des puissances. Si l’on venait à modifier par des actes le statu quo, si d’imprudentes démonstrations révélaient le dessein d’altérer les bases sur lesquelles repose la paix, le gouvernement de l’Empereur, dans les conditions nouvelles où il s’honore d’être placé, aurait alors le devoir impérieux de porter la question devant les Chambres, de leur soumettre sa politique, d’en appeler à l’opinion. Les discussions qui s’engageraient inévitablement auraient pour effet de réveiller les passions, non par notre volonté, mais par celle des gouvernemens qui auraient rendu ces débats nécessaires. Telle sera la conduite et telles sont les vues du Cabinet (23 février 1870). »

Daru envoya, dans les mêmes termes, la même dépêche à Munich afin qu’on pût y apprécier la valeur des bruits répandus dans certains journaux allemands, « d’après lesquels nos dispositions auraient changé à l’égard des États du Sud[1]. » Il revient encore plus formellement avec Saint-Vallier sur cette assurance à laquelle il tient : « M. le baron de Varnbühler, en s’ouvrant à vous de ses préoccupations, à la suite de l’impression faite sur le Cabinet de Stuttgart par le récent discours du roi de Prusse, vous a témoigné son désir d’être tiré d’incertitude, au sujet de la politique que suit, dans les affaires allemandes, le gouvernement de l’Empereur. Notre politique est celle qui a été

  1. Daru à Tiby, 23 février.