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De même, quoique avec des succès moindres, le bromure de potassium guérit l’épilepsie ; l’acide salicylique, le rhumatisme articulaire. Il ne s’agit pas ici de signaler quelques cas de paludisme, de syphilis ou de rhumatisme, qui ont été rebelles au traitement ; car il serait vraiment extraordinaire que ces redoutables maladies fussent toujours victorieusement combattues ; mais n’est-ce pas assez que presque toujours elles le soient. On n’ira pas reprocher à un navire de sauvetage d’avoir ramené à la côte quatre-vingts naufragés du vaisseau en perdition, et de n’avoir pu sauver les vingt derniers. C’est à peu près ce que fait la médecine, pour le paludisme, la syphilis et le rhumatisme articulaire.

Parlerai-je de la tuberculose ? Il s’en faut de beaucoup que la médecine ne soit d’aucun secours contre elle. Beaucoup de tuberculeux meurent ; c’est entendu. Mais combien ont survécu, grâce à des soins vigilans et à une prudente thérapeutique ! Au début, reconnaître le mal, alors que les indices ne sont que légers encore ; et le combattre énergiquement par une alimentation convenable et une hygiène rigoureuse, de manière à en arrêter ou à en retarder l’évolution ; puis, plus tard, quand la maladie est plus avancée déjà, diminuer les douleurs, la toux, l’amaigrissement, la fièvre, par diverses alimentations, par des médicamens sagement et modérément prescrits, tous efficaces contre les symptômes, s’ils sont impuissans contre la maladie même ; plus tard encore, rendre supportables les longs mois de l’agonie terminale : tout cela n’est pas œuvre vaine. D’autant plus que bien souvent la tuberculose a pu être enrayée. Nous connaissons tous tels et tels anciens tuberculeux guéris, et guéris par la médecine. Car, bien certainement, s’ils avaient été abandonnés à eux-mêmes, ils n’auraient pu être sauvés. Ils eussent misérablement péri. Le traitement de la tuberculose n’est donc plus, comme le disait si bien jadis le professeur Jaccoud, une méditation sur la mort ; c’est une lutte que le médecin engage contre la mort, et dans laquelle parfois, trop rarement, hélas ! il remporte la victoire

La sérothérapie est encore un brillant exemple de ce que peut l’art médical. Jadis la diphtérie était une maladie terrible. La mortalité était de 45 pour 100. Depuis que la sérothérapie a été découverte, la mortalité est descendue à 10 pour 100. C’est donc à peu près 35 pour 100 des enfans atteints de diphtérie qui