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approximative, l’époque d’événemens tels que la migration de la population actuelle ou sa patrie d’origine. Mais, si nos connaissances demeurent obscures en ce qui concerne les premiers colons et leur berceau, il n’est pas discutable que le développement national du Japon a subi de tous temps l’influence de l’Asie centrale, de l’organisation sociale de la Chine et de la vie intellectuelle de l’Inde. La forme en différait souvent parce que le tempérament du peuple et son aptitude d’esprit n’étaient pas les mêmes et aussi parce que les circonstances extérieures, la position géographique et les conditions du climat devaient imprimer à cette évolution une direction différente. Mais la partie essentielle, la substance même de leur civilisation a toujours été identique. L’esprit et l’âme de la nation s’inspiraient du même idéal qui ennoblissait l’existence dans les autres pays de l’Orient. Il est généralement admis que les premiers écrits et doctrines furent importés de la Chine en l’année 285, et que l’introduction du bouddhisme date de l’année 552 environ de notre ère.

C’est seulement par une connaissance approfondie de la vieille civilisation du Japon, avec sa richesse et sa puissance, que nous pouvons nous rendre compte de son action décisive sur la vie nationale d’aujourd’hui. Il nous est toutefois impossible d’apprécier les victoires continuelles des armées japonaises, de saisir le vaste travail de réorganisation, ou d’embrasser dans toute son extension cette force morale qui animait généralement leurs actions et qui leur a justement valu l’admiration du monde entier, sans un examen approfondi des premiers principes de l’ancien régime et des vieilles méthodes d’éducation. Il ne faudrait jamais oublier que les fondateurs du Japon moderne sont les fils du Japon ancien. La souche des Itô, des Oyama, les Inouie, les Togo et toute cette suite de héros sont des hommes nés sous l’ancien régime et élevés à l’école des Spartiates.

Pour nous faire une idée des principes qui présidèrent à la formation de ces personnages qui font l’admiration du monde, et nous rendre compte du système d’éducation de l’ancien régime, nous ne pouvons mieux faire que de citer les paroles d’un homme autorisé en matière d’enseignement et qui peut parler d’après son expérience personnelle : le baron Suiematsu.


Il n’y avait pas chez les anciens, écrit-il dans son dernier ouvrage, de programme d’études uniforme pour régenter l’enseignement ; et toutes les initiatives pouvaient avoir libre cours dans chaque collège, de sorte