que lui faisait avec plus de zèle que de tact Mlle de Théobon, sa grande amie et sa confidente[1]. La cour de Saint-Cloud prit l’aspect d’une loge de portier en ébullition. À une époque où l’on y vivait encore dans une tranquillité relative, Mme de Sévigné avait décrit en ces termes les remous d’un commérage au Palais-Royal : « Cela fait une fourmilière de dits, de redits, d’allées, de venues, de justifications, et tout cela ne pèse pas un grain[2]. » En 1682, où chacun criait du haut de sa tête, c’était proprement à fuir.
Nous n’entrerons pas dans le détail fastidieux de ces querelles[3]. Les contemporains avaient déjà de la peine à s’y intéresser. Mlle de Théobon avait-elle averti Madame « des débauches de Monsieur ? » Mlle de Loubes, — l’une des filles d’honneur de Madame, — avait-elle entendu Madame se moquer de Monsieur ? « Cette bagatelle, avouait le marquis de Sourches, n’inquiétait guère le public, et l’on était bien plus en peine de ce que le Pape ne s’adoucissait point à l’égard de la France[4]. » On avait raison ; c’était plus important. Nous nous en tiendrons aux conséquences des « bagatelles. »
Il est bon d’avertir ici le lecteur, pour lui permettre de situer les scènes qui vont suivre, que Louis XIV abandonna définitivement Saint-Germain le 20 avril 1682. Versailles venait d’être agrandi et était encore plein de maçons. Le Roi se transporta à Saint-Cloud, avec l’intention d’y attendre que son nouveau logis fût débarrassé des ouvriers. Au bout de quinze jours, l’impatience le prit. Il partit le 6 mai pour Versailles, y retrouva les maçons et s’installa quand même, malgré le bruit et la poussière.
Ce fut pendant son séjour à Saint-Cloud que les choses se gâtèrent entre les maîtres de la maison. Les grands torts étaient tous à Monsieur. Madame se donna les petits comme à plaisir. Il était resté à Monsieur, de la fin tragique de sa première femme, une terreur bienfaisante de se brouiller avec la seconde ; on l’aurait accusé, à la moindre indisposition, de l’avoir aussi empoisonnée. La crainte du scandale est un commencement de vertu. Madame commit la faute de ne pas respecter cet embryon de