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REVUE DRAMATIQUE


Comédie-Française : Reprise de Amoureuse, comédie en trois actes, par M. Georges de Porto-Riche. — Variétés : Le Roi, pièce en trois actes et quatre tableaux, par MM. de Fiers, Caillavet et Arène.


La comédie de M. de Porto-Riche, Amoureuse, est-elle une bonne ou une mauvais pièce ? On peut en discuter. Ce qu’on ne saurait contester, c’est qu’elle est une des œuvres les plus typiques du théâtre contemporain. Elle a fait date. C’est une de ces pièces-étalons dont on s’est servi pour la frappe de toute une monnaie. Nous nous amusions l’autre soir à noter au passage des tas de réminiscences : cela faisait une revue des comédies les plus fameuses de ces dernières années. Depuis Amans jusqu’à l’Amour veille, en passant par l’Adversaire, elles venaient tour à tour faire la révérence à cette comédie-gigogne. Celle-ci lui rendait hommage pour une situation qu’elle lui devait, et cette autre pour une réplique qu’elle lui avait empruntée. À ce titre, la Comédie-Française a été bien inspirée de s’adjoindre une œuvre considérable par l’influence qu’elle a exercée, et de la soumettre elle-même à une épreuve curieuse, sinon décisive.

L’intérêt de la représentation était donc, avant tout, un intérêt historique et rétrospectif. Quelles nouveautés sont sorties de cette pièce ? A défaut d’autres, il en suffirait d’une, qui est une manière nouvelle de peindre l’amour au théâtre. Car cette Amoureuse en est une, bien certainement, mais d’une espèce qu’on ne nous avait pas encore montrée à la scène. Jusqu’alors on s’était efforcé de mettre dans j’amour, — et surtout quand c’est la femme qui aime, — toute sorte de sentimens : aspiration à un idéal vrai ou faux, rêverie romanesque, ennui, jalousie, vanité, coquetterie, que sais-je encore ? Supprimez toute cette broderie sentimentale : que peut-il bien rester ? Il ne reste