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à partie par M. Barthou, a lancé des interruptions pleines de promesses et qui semble bien devoir prendre, lui aussi, la parole. Quel sera le résultat de ces interventions diverses ? On le saura bientôt, mais nous ne pourrons le dire que dans quinze jours.


Il ne faut ni exagérer, ni atténuer l’importance de la visite que le roi Édouard vient de faire à l’empereur Nicolas dans les eaux russes à Revel : il ne faut pas surtout en dénaturer le caractère, qui est certainement tout pacifique. C’est plutôt dans le sens de l’exagération que les journaux ont une tendance à parler de ces visites de chefs d’État, et on ne saurait s’en étonner de leur part. Les plus circonspects d’entre eux ajoutent une sorte de sonorité à tout ce dont ils parlent ; ils montrent l’accumulation et le mouvement des foules ; ils décrivent longuement tout ce qui se rattache à la personne des souverains ; enfin, ils cherchent à deviner des secrets d’État, même lorsqu’il n’y en a pas, et que les manifestations dont ils rendent compte s’expliquent de la manière la plus simple par les relations connues qui existent entre les divers pays et leurs gouvernemens. Nous sommes convaincu que, sinon toujours car il faut faire la part des exceptions, au moins presque toujours, ces visites d’apparat ont pour objet, non pas tant de créer une situation nouvelle que de consacrer une situation préexistante : elles ne sont pas une préparation, mais un dénouement. Puisqu’elles sont passées dans les mœurs internationales, il aurait été difficile de comprendre pourquoi le roi d’Angleterre, qui en a fait à plusieurs autres souverains ou chefs d’État, n’en aurait pas fait une à l’empereur de Russie. Il y a quelque temps, cette visite aurait pu surprendre ; les rapports des deux pays, bien que corrects dans la forme, n’étaient pas exempts de quelques divergences ou malentendus ; mais ce qui aurait étonné aujourd’hui, c’est que la visite n’eût pas lieu, ces divergences n’existant plus et ces malentendus étant dissipés. Le fait n’a rien de caché, il est public ; on connaît les arrangemens qui ont été conclus en Asie entre Londres et Saint-Pétersbourg ; on sait que les deux Cabinets sont en relations suivies au sujet des affaires des Balkans et qu’ils mettent une égale bonne volonté à s’entendre ; on croit même qu’ils y ont réussi, et c’est sans doute à cela que le roi Edouard a fait allusion dans le toast qu’il a porté à l’empereur Nicolas, lorsque, parlant de la convention récemment signée entre les deux pays : « Je suis certain, a-t-il dit, qu’elle contribuera au règlement satisfaisant et à l’amiable de quelques questions importantes à l’avenir. » Dès lors, pourquoi les deux souverains