Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/402

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à les grouper en catégories définies et à les greffer ensuite sur les mères-souches que l’on appelle les associations professionnelles. Voyons notamment si, au lieu de chercher bien loin des plans compliqués de réformes sociales, il ne serait pas plus simple de profiter d’un instrument qu’on a sous la main et auquel nous avons déjà fait allusion, la loi sur les syndicats professionnels.


III

Avant d’examiner les divers rouages qu’on peut introduire dans le syndicat professionnel féminin et le parti qu’on peut en tirer, il ne sera pas mal à propos de relater, bien que l’histoire doive en être courte, ce qu’a déjà donné, au point de vue féminin, la loi du 21 mars 1884.

Depuis vingt-quatre ans, et malgré le défaut complet de préparation et d’éducation sociales des femmes en France, il a poussé un peu au hasard toute une série de syndicats à objets et à tendances diverses, les uns exclusivement féminins, les autres mélangés d’hommes et de femmes.

Au 1er janvier 1907, d’après le Bulletin de l’Office du travail, il existait 93 803 femmes syndiquées, dont 8 116 dans les syndicats patronaux, 79 260 dans les syndicats ouvriers et 6 429 dans les syndicats mixtes, c’est-à-dire mélangés de patrons et d’ouvriers. La proportion de femmes syndiquées était de 2,5 pour 100 dans les syndicats patronaux, de 8,8 pour 100 dans les syndicats ouvriers, et de 20,9 pour 100 dans les syndicats mixtes.

Parmi les femmes syndiquées, moins de la moitié appartient à des syndicats exclusivement féminins. La majorité des femmes est répartie dans les syndicats d’hommes ; mais, généralement, elles n’y constituent, à côté de ceux-ci, qu’une infime minorité. Il faut en excepter les ouvrières des manufactures des tabacs qui sont souvent en majorité dans les syndicats de cette profession. L’organisation syndicale chez les cigarières est d’ailleurs plus avancée que dans n’importe quel autre métier féminin. Sur environ 15 000 ouvrières des diverses spécialités, réparties dans les vingt manufactures de l’Etat, plus de la moitié est syndiquée. Dans cette profession l’apprentissage dure plusieurs années ; aussi le fait d’un renvoi cause-t-il un grave préjudice à celle qui en est la victime. L’admission y est recherchée et l’administration