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DE
L’ÉDUCATION DE L’ARTISTE

Le corps humain est une admirable création, à la fois très compliquée dans sa structure et très simplement adaptée aux nombreuses fonctions qu’il doit remplir. Capable d’éducation, il peut être approprié par une culture intelligente aux diverses occupations vers lesquelles chacun de nous est poussé par sa vocation ou par la nécessité. Si l’organisme de certains animaux l’emporte sur le nôtre, comme force, agilité, souplesse ou finesse de perceptions ; si beaucoup d’entre eux possèdent une vue plus perçante, un odorat plus subtil, une ouïe plus développée, l’homme non seulement a pu, en les domestiquant et en les dressant, se faire d’eux des collaborateurs et utiliser pour son compte leurs qualités, mais, par un entraînement graduel, il parvient à se donner à lui-même celles de ces qualités qui lui manquent. Jeté nu et sans défense sur la terre, il devait, au début, se loger, se nourrir, se vêtir, se protéger contre les dangers de toute sorte dont il était entouré. Mais à la longue, à mesure que son existence devenait moins précaire, il a pu songer à se procurer les jouissances plus élevées qui lui sont réservées, celles des arts notamment, dont seul ici-bas il possède le privilège, et développer en lui, par des efforts persévérans, la supériorité intellectuelle et morale qui devait les lui assurer. Nous nous proposons de montrer quelle perfection il a su atteindre dans l’éducation de ses organes et les merveilleux résultats auxquels il est arrivé, mais dont une longue habitude nous