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LA POLITIQUE DE LA PRUSSE
ET LES POLONAIS

II[1]
LA LOI D’EXPROPRIATION

L’organisation économique des Polonais avait mis en échec la Commission de colonisation ; elle ne trouvait plus à acheter que des terres allemandes et à des prix qu’elle ne pouvait, ni ne voulait payer. La germanisation par la conquête marchande était donc enrayée, et la « question polonaise » se posait de nouveau devant le pays, plus compliquée et plus passionnante. Elle s’envenime en vieillissant. Quels moyens avait le gouvernement pour tenter une fois encore de la résoudre ? Il y a deux méthodes connues et tour à tour essayées : l’une consiste à traiter les Polonais selon le droit commun à tous les Prussiens, malgré leurs torts réels ou prétendus ; l’autre les tient pour d’irréductibles ennemis et les soumet à des lois d’exception qui compliquent le problème et en retardent la solution dans la mesure où elles sont plus rigoureuses.

La « politique de conciliation » avait de nombreux partisans en Allemagne, au Parlement, dans les universités, dans la presse et dans l’opinion. Il importait d’abord, pensait-on, de faire l’apaisement dans les esprits irrités par vingt ans de guerre

  1. Voyez la Revue du 1er novembre.