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relâchée ; le mal est devenu si grand que le ministre a fini par s’émouvoir. Un décret de janvier 1908 enlève la police de l’arsenal au commissaire rapporteur près les tribunaux maritimes des ports pour la confier au major général. C’est très bien ; mais pourquoi n’augmente-t-on pas le nombre des agens d’exécution ? Pourquoi ne rétablit-on pas le surveillant général qu’a supprimé une des dernières lois de finances ? Par un aveuglement injustifiable, on restreignait la police au moment où l’on augmentait les dépenses. En 1887, avec un budget de 188 millions, l’assurance contre le vol et l’incendie dépassait 1 pour 100. Vingt ans plus tard (1907), le budget atteint 320 millions, mais l’assurance descend à 0,47 pour 100.

Le personnel surveillant, 2 000 hommes en 1887, tombe à 1 300 en 1907. Ces économies fort mal placées rendent plus fréquens les vols et les incendies par malveillance.

Parlerons-nous de la défense des arsenaux ? Que d’anomalies inexplicables ! Le règlement du 17 novembre 1904 confère au préfet maritime la défense, non seulement de l’arsenal, mais aussi de toute la côte de son arrondissement[1]. Cette règle, très simple au premier abord, place ce haut fonctionnaire dans une situation fausse et périlleuse. En temps de paix, le préfet maritime, bien que commandant en chef, ne fait partie que du comité de défense de la place forte dont il est gouverneur. Sur tout autre point du littoral de son arrondissement maritime, ce comité se réunit sous la présidence du général adjoint au préfet maritime. Rien n’oblige ce général à consulter le préfet, son chef, et, s’il le fait, ce n’est que par déférence.

La guerre est-elle déclarée ? Le préfet prend aussitôt le commandement de la défense du littoral de son arrondissement, et il emploie des ouvrages sur l’utilité desquels on ne l’a pas consulté. Nous ne nous chargeons point d’expliquer ces contradictions. Quant au nombreux personnel des batteries du front de mer, l’organisation actuelle n’autorise point à croire qu’il rejoindra son poste au moment voulu. Car, dès le début des hostilités, on songera surtout à la frontière de l’Est, et la marine sera invitée, au moins tacitement, à « se débrouiller » sur la côte.

Le personnel indispensable, artillerie pour l’armement des forts, infanterie pour certains détachemens de surveillance, ne

  1. Ce littoral est considérable. Ainsi, le 5e arrondissent (avec Toulon pour chef-lieu) s’étend de la frontière italienne à la frontière d’Espagne.