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Or j’ai fait remarquer plus haut que l’obus explosif percutant de 75 exerce autour de son point de chute un effet beaucoup plus violent qu’il ne faut. Il n’est pas nécessaire de cribler chaque servant d’une infinité de petits éclats quand quelques-uns suffiraient à le mettre hors de combat. Il y a prodigalité et mauvais emploi. Mais si nous employons un projectile de 1 kilo au lieu de 5 à 6, il suffira tout aussi bien à la tâche dans le petit rayon d’action qui lui est assigné ; il ne faudra pas plus de coups pour toucher tous les boucliers, mais on aura dépensé un poids de munitions cinq ou six fois moindre.

Telle est l’idée qui conduit à la conception d’une nouvelle pièce, le canon à tir extra-rapide percutant, automatique, de petit calibre, dont la vitesse de tir serait de 150 coups au moins par minute, du type connu sous le nom de pom-pom. Il en existe des modèles qui ont figuré dans la guerre du Transvaal ; ils tiraient des obus de 430 grammes renfermant une charge explosible de quelques grammes de poudre noire. Malgré la faiblesse exagérée de leur calibre, ils ont rendu de grands services. Voici quelques opinions intéressantes qui répondent aux objections que ne cessent de présenter les adversaires de cette arme, notamment en ce qui concerne le réglage.

Le capitaine allemand Lossberg, qui a servi dans l’artillerie des Boers, s’exprime de la façon suivante : « Des pièces de cette espèce sont, sans aucun doute, un moyen de défense bien supérieur aux pièces de campagne et produisent plus d’effet que le shrapnel le plus puissant, non seulement parce qu’elles permettent de régler le feu contre les buts mobiles, mais aussi à cause de leur grande rapidité de tir. »

Au corps expéditionnaire de Casablanca, nos officiers de marine ont employé des canons analogues et disent que le réglage de tir est très facile en général. Cela se comprend : si l’explosion d’un coup isolé est peu visible, l’éclatement de plusieurs projectiles tombant presque en même temps sur un point, devient observable ; en raison de sa rapidité, ce tir peut se régler comme le jet d’une lance d’arrosage.

Le capitaine anglais Wilsonn écrit : « Le pom-pom n’avait jamais été regardé comme redoutable, et pourtant il a fait ses preuves… il trouble nos hommes plus que n’importe quelle pièce de campagne et possède les qualités du canon à tir rapide sans en avoir les inconvéniens. Le fait de savoir qu’on l’a devant