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après la défaite, le vaincu échappait encore difficilement au vainqueur.


La première grande étape du progrès depuis cette époque fut l’apparition de l’artillerie rayée et la grande augmentation de la portée. Quelles furent les conséquences de cette modification ?

Les procédés de l’exploration n’ont pas changé ; mais le rôle des autres organes de contact, avant-postes et avant-gardes, s’est modifié.

Plusieurs fois, en 1866, les Autrichiens ont déployé sur leurs avant-postes ou avec leurs avant-gardes de nombreuses batteries qui mirent souvent dans une situation extrêmement critique l’artillerie très peu nombreuse des avant-gardes ennemies. Les Prussiens ont déduit de cette campagne qu’il fallait pousser beaucoup de canons jusqu’aux avant-gardes et faire arriver le plus rapidement possible les batteries du gros des colonnes. Jusque-là la masse d’artillerie n’agissait qu’à la fin de la bataille ; à partir de ce moment, elle se déploie et combat dès la prise de contact, dont les organes, avant-postes et avant-gardes, acquièrent une importance nouvelle.

Ce n’est pas tout : grâce à l’augmentation des portées, les deux artilleries en présence luttent en général de crête à crête. La défense n’est plus seule à profiter du couvert pour masquer ses mouvemens. L’assaillant, maître désormais de modifier la répartition de ses batteries, n’a plus besoin d’en conserver en réserve. Il peut mieux manœuvrer, La défense a profité du progrès dans le combat préliminaire, parce qu’ayant toutes ses forces dans la main, elle a plus facilement que l’attaque la supériorité du feu. Mais, en revanche, l’attaque a conquis de sérieux avantages.

En raison des distances plus grandes de combat, la durée de la bataille augmente. Le vaincu se dérobe plus facilement.


De 1866 à 1870, l’armement de l’artillerie ne s’est pas modifié ; l’expérience a profité aux Allemands qui, grâce à la poussée intensive de leur artillerie en avant et à son déploiement rapide, prennent sur nous un sérieux avantage.

Ils ont aussi tiré un nouveau parti du progrès simultané des armes portatives et du canon. Jusqu’alors ses troupes sur la défensive évitaient d’envoyer des détachemens en avant de leurs avant-postes, car ces détachemens, une fois accrochés par