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possesseurs d’automobiles d’un type déterminé, utilisable en cas de guerre el de donner la garantie d’intérêts aux grandes entreprises de transports automobiles. Les primes doivent être très fortes, afin de provoquer un mouvement intense qui donne satisfaction dans le plus bref délai. Le temps presse : ne nous laissons pas devancer par l’Allemagne qui entre beaucoup plus largement que nous dans cette voie. Ce ne sont pas les 144 canons allemands par corps d’armée qui sont à craindre, c’est l’avance que tendent à prendre nos voisins dans le développement de l’automobilisme militaire. Le principal effort financier doit donc porter, après l’approvisionnement en munitions, sur le poids-lourd. Les millions que l’on propose de dépenser à l’augmentation de l’artillerie seront mieux employés à faire sortir de nos usines cette réserve d’automobiles devenue indispensable. C’est du reste une dépense essentiellement productive pour le pays. Pas de lésineries, pas d’hésitations ; gagnons de vitesse les Allemands. Quand ceci sera fait, mais non avant, nous devrons, dans le plus bref délai, augmenter le nombre de nos bouches à feu. Dès maintenant, préparons cette opération. Les considérations qui précèdent montrent que nous avons le temps de choisir le moyen le meilleur, le plus économique, le plus rationnel, sans hâte intempestive. Plusieurs solutions ont été proposées. Je ne parlerai pas de celles qui consistent à former, au moment de la mobilisation, des batteries nouvelles ou des batteries de dédoublement ; ces solutions paraissent être définitivement écartées.

Le premier projet déposé par le gouvernement consiste à augmenter le nombre de nos batteries en les laissant à quatre pièces ; mais, comme il faut encadrer ces unités nouvelles, il y aurait lieu de créer 34 régimens ; soit une augmentation de plus de 700 officiers et de 9 270 chevaux ; les hommes seraient pris à l’infanterie. Cette opération se traduirait par une dépense évaluée à 150 millions par le rapporteur de la commission de l’Armée de la Chambre. Malgré cet effort, chacune de nos batteries serait encore trop pauvre pour manœuvrer avec ses propres ressources. Pour justifier cette coûteuse mesure, on fait valoir que la batterie de 4 pièces constitue un merveilleux outil dans la main d’un capitaine expérimenté, ce qui est exact, et qu’il ne faut pas perdre l’avantage de dix ans d’avance que nous avons sur les Allemands dans l’instruction du personnel. Mais cette solution