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FACHODA

I
LA NÉGOCIATION AFRICAINE

Plus de dix années se sont écoulées, les problèmes posés alors sont résolus ; les peuples sont occupés à d’autres travaux, l’opinion est agitée par d’autres soucis : il est permis de présenter maintenant l’exposé loyal d’une affaire qui fut considérable, en son temps, et qui faillit troubler les relations cordiales de deux grandes nations.

Pour l’histoire, pour la vérité, pour la justice, il n’est pas inutile de préciser le fait et le droit, il n’est pas inutile d’établir que la partie engagée était légitime et qu’elle méritait d’être jouée. N’eût-elle fait que soutenir le bon renom de la race française, elle avait sa raison. Un peuple ne puise ni autorité, ni respect dans l’abandon de soi-même. Il y a des intérêts qu’il faut savoir défendre et des entreprises qu’il faut savoir soutenir quand une fois elles sont engagées.

Cinq cents Sénégalais, ayant à leur tête un homme, auraient pu obtenir un de ces résultats positifs qui ont récompensé, souvent, des efforts moins méritoires et moins justifiés. Si des difficultés inouïes n’eussent pas retardé leur marche, si un arrangement fût intervenu plus tôt, comme il était à prévoir, — c’est-à-dire avant la rencontre des forces anglaises et françaises sur le Nil, — la face des choses eût été sans doute modifiée. Une entente amiable eût mis fin, dignement, à cette