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« reconnaissait la sphère d’influence britannique telle qu’elle est délimitée dans l’arrangement anglo-allemand du 1er juillet 1890. »

C’était la plus grave disposition du traité, puisque l’Angleterre, qui s’était assuré déjà des reconnaissances analogues, de l’Allemagne d’abord et, ensuite, de l’Italie, achevait, par l’adhésion obtenue de cet autre État voisin, la prise de possession, du moins théorique, de tout le bassin du fleuve. Bien plus, pour se mettre tout à fait à l’abri des voisinages inquiétans, elle glissait, en quelque sorte, le Congo belge en tampon entre les possessions françaises et cet immense territoire quelle s’attribuait tout entier.

Si on laissait faire, la question d’Egypte et, on peut même ajouter, la question d’Afrique étaient réglées d’un seul coup. La politique suivie par la France, depuis quinze ans, n’était qu’une vaine parade. Ni moyen de reprise, ni élément d’échange ou de compensation ne lui restaient, au moment où s’engageait la grande « négociation africaine. »

Par l’arrangement, la France se trouvait lésée dans ses droits immédiats sur le Congo, au nord du 4e parallèle ; elle était lésée dans ses droits éventuels de préemption sur l’État Indépendant ; elle était lésée en sa qualité de signataire des traités assurant l’intégrité de l’Empire ottoman, et elle était lésée, surtout, dans sa situation de puissance africaine. Déjà écartée, sans plus de façon, malgré les traités, à Zanzibar, puis dans l’Ouganda, évincée au Bas-Niger, contestée sur la Côte occidentale, à Madagascar, en Abyssinie, au Maroc, elle était désarmée, vaincue avant de combattre.

Une politique d’exclusion et d’enveloppement était, ainsi, opposée à la France : les deux partenaires du traité s’accordaient, l’un à l’autre, aux dépens d’une puissance voisine et amie, ce qui ne leur appartenait pas.

L’Allemagne protesta immédiatement et obtint, sans autre forme de procès, l’abandon de la clause cédant à bail la bande de terre de vingt-cinq kilomètres.

La France allait-elle s’incliner, renoncer à la défense de ses droits, de sa dignité, de ses intérêts ?

Répondant au mouvement de l’opinion, à l’émotion du Parlement, le Cabinet Charles Dupuy, qui succédait au Cabinet Casimir-Perier s’éleva contre l’arrangement