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de la notion, que nous commençons à posséder, de la structure intime de l’écorce du globe.

Celle-ci, parmi ses fonctions diverses, remplit celle de cloison séparative entre les fluides qu’elle enveloppe et la masse externe de l’océan et de l’atmosphère. Formée de matériaux perméables, elle se laisse pénétrer par les infiltrations aqueuses appelées par ta pesanteur et la capillarité, mais seulement jusqu’à une profondeur où la température est suffisamment intense pour que l’eau n’y puisse être tolérée. L’écorce représente donc un ensemble plus compliqué que nous ne pensions, où il faut considérer deux zones sphériques superposées dont la plus inférieure est incandescente pendant que l’autre est mouillée.

L’ouverture des géoclases, au travers de cet ensemble, ne saurait se faire nettement et sans égrènement de ses parois : au contraire (et l’observation directe des filons et des failles le démontre surabondamment), il se produit toujours, dans le vide qui vient de s’ouvrir, des éboulemens de fragmens de toutes les tailles qui, suivant les cas, descendent plus ou moins bas. Dans ces conditions, il est inévitable qu’un bloc fourni par la zone aquifère ne tombe pas quelquefois dans la région rouge de feu. On sait alors ce qui doit arriver, car l’expérience, plus fréquente qu’on n’aurait voulu, est là pour nous apprendre les propriétés explosives de l’eau ou des autres matières volatiles contenues dans les roches : un choc se produit, dont la propagation au travers des assises du sol met la surface en vibration et y développe la série d’accidens caractéristiques des’ secousses séismiques.

C’est à chaque instant qu’on a perçu, de la surface, les détonations souterraines et elles n’ont pas manqué, violentes et fréquentes, à Messine. Milne a noté les fortes explosions dont s’est accompagné au Japon le séisme de 1896. Pendant le tremblement de terre du 31 janvier 1894, M. Issel a entendu des détonations ressemblant à des coups de canon et rappelant aussi quelquefois « le fracas des bulles de gaz qui éclatent dans les cratères volcaniques. » Même, ce savant compare certains de ces bruits « à la chute des corps lourds tombant sur un sol un peu élastique et mou. » Cela fut très sensible avant la première secousse. Le microphone a permis à Rossi de percevoir des bruissemens souterrains analogues à ceux de l’eau en ébullition.

« Les Grecs et les Romains, dit Arago dans sa notice sur