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volonté persévérante et conciliante soutenue, malgré bien des obstacles, pendant plus de quatre ans ; elle parut, à ceux qui la signèrent, l’heureuse prémisse d’une entente prochaine sur la seule question qui restât en suspens. Les deux gouvernemens traitaient de plein gré et de bonne grâce, malgré l’excitation des sentimens hostiles, soulevés dans la presse et dans les cercles irresponsables. L’esprit de conciliation l’emportait, une fois de plus, de part et d’autre.

Au point de vue français, la Convention de juin 1898, en opérant la jonction des trois domaines africains, Algérie et Tunisie, Sénégal et Niger, Tchad et Congo, fondait ce vaste empire colonial qui couvrait tout le Nord du continent occidental, à l’exception des colonies européennes de la côte et de l’Empire du Maroc. La barrière des traités s’élevait, désormais, contre toute concurrence étrangère dans l’hinterland de nos possessions anciennes et nouvelles. Quelques mois plus tard, à la période critique de l’affaire de Fachoda, cette convention fut notre seule ressource, notre unique sécurité, quand l’Angleterre songea, un instant, à nous rejeter au-delà du lac Tchad, et même au-delà du. Niger.

En somme, la « négociation africaine, » dans ses lignes générales, se réglait selon les aspirations françaises, et cela sans sacrifices considérables, sans dépenses lourdes, sans expéditions onéreuses, on pourrait dire sans risques internationaux. La France et l’Angleterre s’habituaient à traiter sur un pied d’égalité en Afrique.


La Convention conclue, la voie était libre pour la question du Nil, la question Marchand. C’était l’idée suivie depuis le début par le quai d’Orsay : traiter avant la rencontre désormais trop facile à prévoir dans le Bahr-El-Ghazal.

Cette volonté, cette aspiration, le ministre qui disparaissait l’avait manifestée, consignée officiellement, comme on l’a vu, dans les actes mêmes de la négociation.

Non seulement le point avait été visé dans les instructions aux commissaires, dans celles données par le ministre aux ambassadeurs ; mais il avait donné lieu à un échange de lettres, à l’heure précise où les sentimens de conciliation l’avaient emporté, c’est-à-dire en décembre 1897.

On a vu que, le 10 décembre, sir Edmund Monson avait