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LES
PRÉLIMINAIRES DE LA GUERRE

Le samedi soir, 2 juillet, la Gazette de France annonçait au public la nouvelle suivante : « Le gouvernement espagnol a envoyé une députation en Allemagne pour offrir la couronne au prince de HohenzoUern. » Le 3, après-midi, l’agence Havas transmettait à son tour l’information : « Une députation, envoyée en Prusse par le général Prim, a offert la couronne au prince de Hohenzollern qui l’a acceptée. Cette candidature serait proclamée en dehors des Cortès. » Le gouvernement ne savait encore rien officiellement. Le premier avis qui lui parvint fut une dépêche télégraphique de Mercier, ambassadeur à Madrid, du 3 au matin. Elle disait : « L’affaire Hohenzollern paraît fort avancée, sinon décidée. Le général Prim lui-même me l’a dit. J’envoie Bartholdi à Paris pour les détails et pour prendre vos ordres. » Au reçu de ce télégramme, Gramont court à Saint-Cloud. Franceschini Pietri, alors présent, m’a raconté la profonde surprise de l’Empereur à ce coup inattendu : il n’avait reçu jusque-là ni du prince Léopold, ni du prince Charles, ni du prince Antoine, aucune communication de ce projet (1). Il avait interrogé lorsque d’autres en avaient *

fl) L’affirmation contraire de Keudell, démentie déjà implicitement par le Journal du prince Charles de Roumanie sur une prétendue communication, l’est formellement par Hans Dclbnick. « S. A. R. le Prince Léopold, dit Delbrûck, m’a fait précisément savoir que l’assertion d’après laquelle le défunt prince Charles-Antoine aurait fait part à l’Empereur de l’offre du trône d’Espagne, est complètement erronée. » Hans Delbrûck (Preussische Jahrbucher, octobre 1895).