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sentimens de M. de Clèves en présence de sa femme faisant cet aveu. Le critique du critique les trouve d’une justesse absolue.

Sur Mme de Clèves en général, il dit beaucoup de choses banales et inconsistantes ; mais il rencontre une très bonne formule : « Mme de Clèves est une femme qui combat : il ne faut pas qu’elle soit partout maîtresse d’elle-même ; il suffit qu’elle le soit enfin. »

Sur le dénouement, le critique du critique s’indigne de ce que le critique trouve Mme de Clèves incompréhensible et il croit que tout le monde la doit comprendre. Il croit, lui, qui, décidément, est Cornélien, que c’est par devoir, presque uniquement par devoir, que Mme de Clèves prend ses résolutions dernières. Il reproche au critique de n’avoir rapporté que la moitié de la phrase essentielle de la déclaration de Mme de Clèves : « Ce que je crois devoir à la mémoire de M. de Clèves serait faible s’il n’était soutenu de l’intérêt de mon repos, » tandis qu’elle a dit : « Ce que je crois devoir à la mémoire de M. de Clèves serait faible s il n’était soutenu de l’intérêt de mon repos ; et les raisons de mon repos ont besoin d’être soutenues de celles de mon devoir. » Et ainsi le critique « ne fait dire à la princesse que le moindre des motifs qu’elle a d’abandonner M. de Nemours. »

Cela est fort bien déduit ; mais si on lit la déclaration de Mme de Clèves tout entière, on verra quelle petite place y tiennent les raisons tirées du devoir et quelle grande celles qui le sont du désir de repos et des craintes relatives à la légèreté de Nemours. Je reste de mon avis. Toutefois, entre le critique qui ne trouvait qu’extravagante la conduite de Mme de Clèves et le critique du critique qui la trouve juste, tout en l’attribuant au mobile qui me paraît en elle le plus faible, il va sans dire que je suis pour le second.

Celui-ci termine son livre, comme je l’ai dit, par une réfutation de toutes les critiques de style qu’a faites le censeur de la Princesse de Clèves. Il est ici extrêmement faible. Un de ses procédés est de montrer que les fautes que le critique relève dans la Princesse de Clèves, il les fait lui-même, ce qui est de bonne guerre, mais indifférent à la postérité. Le plus souvent il a tort dans ses corrections de corrections, par suite du parti pris qu’il a de trouver mauvais tous les amendemens du critique. Ne va-t-il pas jusqu’à défendre : « Cette passion endormie se ralluma ? » Ne va-t-il pas jusqu’à défendre : « Sa conduite qui avait été si éloignée de se remarier ? » On dirait qu’il est l’auteur