Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 51.djvu/429

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

recevront l’assentiment général et tendront clairement « au bien commun. » La conférence, après d’assez sérieuses difficultés, se réunit enfin à Mexico le 22 octobre 1901. Elle ne se sépara que le 22 janvier suivant. Le peu d’importance de ses résultats ne répondit pas à la longueur de ses travaux. Le Bureau des Républiques américaines, moribond, fut réorganisé : on essaya de lui redonner un peu de vie. Quant à l’arbitrage, les délégués se bornèrent à signer un protocole d’adhésion à la convention de La Haye. Ils adoptèrent cependant une convention prévoyant l’arbitrage obligatoire pour les conflits nés de réclamations financières. Ce fut la seule œuvre marquante du Congrès. Des vœux nombreux, comme au précédent, furent adoptés pour l’amélioration des relations commerciales entre les nations américaines, en particulier pour le développement des moyens de transports maritimes et terrestres, ces derniers par la construction d’un chemin de fer pan-américain qui relierait New-York à Buenos-Ayres et Valparaiso.

Les gouvernemens sud-américains étaient allés sans enthousiasme à la conférence. L’opinion, dans ces pays, s’y montrait généralement hostile. Aux Etats-Unis, l’opinion ne lui témoigna que de l’indifférence. Cependant la guerre, les annexions récentes avaient obligé le public à regarder par-delà les frontières. Sous l’influence des progrès des dernières années, l’industrie américaine commençait à devenir exportatrice : le besoin de débouchés dans un avenir prochain pour un excédent régulier de production commençait à préoccuper les industriels. Mais ces débouchés, on ne les cherchait pas dans le Nouveau-Monde. L’Extrême-Orient accaparait alors l’attention. Le commerce avec les populations grouillantes de la Chine, avec le Japon, que le commodore Perry avait contraint, il y a un demi-siècle, à entamer des relations avec le monde occidental, apparaissait aux Américains comme une source inépuisable de profits. Les farmers de l’Ouest rêvaient de substituer chez ces peuples l’usage du froment à celui du riz. Les manufacturiers de l’Est voyaient dans ces marchés, des débouchés merveilleux, pendant une période presque indéfinie. L’ouverture prochaine, maintenant que le gouvernement américain se chargeait de l’entreprise du canal interocéanique, annulerait les avantages que le canal de Suez assure à leurs concurrens européens : au Nord de Shanghaï, ce serait au tour des Américains à être favorisés. L’acquisition des