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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La grève des postiers a été proclamée une fois de plus, le 11 mai au soir, après une séance de la Chambre qui n’a abouti à aucune conclusion, la suite du débat ayant été remise au surlendemain : il y avait encore un trop grand nombre d’orateurs inscrits pour qu’il fui possible d’en finir le jour même. « J’ai failli attendre, » a dit un jour Louis XIV : les postiers n’ont pas de moindres exigences que le grand Roi. Il a été dit de très bonnes choses au Palais-Bourbon, notamment par M. Paul Deschanel. M. Barthou a parlé au nom du gouvernement avec, semble-t-il, un peu plus d’embarras qu’il ne l’avait fait au mois de mars dernier. Toutefois il n’y a rien à reprendre au discours de M. le ministre des Postes : reste seulement à savoir ce qui en sortira. L’expérience nous a montré le peu que valent par eux-mêmes les discours les plus énergiques : autant en emporte le vent. Les actes comptent seuls, à la condition toutefois qu’ils ne soient pas contredits et comme désavoués par des actes en sens contraire. Le gouvernement en a, ces jours derniers, accompli quelques-uns qui ne sont pas pour nous déplaire ; mais quelle en sera la suite ? Le ministère actuel nous a tellement habitués à une action intermittente, composée de courts accès de fermeté bientôt suivis de longues défaillances, qu’on ne sait avec lui sur quoi il est permis de compter. Sa responsabilité, toutefois, serait doublement grave s’il reculait de nouveau après s’être avancé comme il vient de le faire : il serait sans excuses d’avoir pris les mesures qu’il a prises s’il ne s’était pas assuré des moyens de les soutenir, et d’autre part l’opinion, qui s’était un peu égarée lors de la dernière grève, est maintenant beaucoup moins favorable aux postiers ; ils commencent à fatiguer sa patience. Enfin le gouvernement peut voir aujourd’hui quel a été le résultat de ses tergiversations et de sa faiblesse, qu’il décorait du nom de bienveillance : les postiers sont devenus plus