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phase des négociations jusqu’à la dernière, avait poursuivi loyalement le même but, il affirmait que la première dépêche à notre ambassadeur à Ems se terminait par cette phrase : « Pour que cette renonciation produise son effet, il est nécessaire que le roi de Prusse s’y associe et nous donne l’assurance qu’il n’autorisera pas de nouveau cette candidature. » La dépêche disait en effet ce que le rapport en citait, mais elle contenait autre chose. Pour qu’elle fût complète, aux mots : à la première dépêche adressée à notre ambassadeur à Ems, il eût fallu ajouter : après la renonciation du prince Antoine au nom de son fils. Les mots : pour que cette renonciation produise tout son effet auraient dû être précédés de ce préambule : Nous avons reçu des mains de l’ambassadeur d’Espagne la renonciation du prince Antoine, au nom de son fils, au trône d’Espagne. Pour que cette renonciation produise tout son effet, etc. Ces suppressions avaient été faites pour aller plus vite, et non pour altérer le sens et la signification de la dépêche, car ainsi raccourcie elle portait en elle-même, aussi bien que si elle eût été complète, la preuve qu’elle n’avait pu être la première adressée à Benedetti le 7. Il n’est pas possible d’en avancer la date, attendu que cette date est précisément déterminée dans le texte même du document. Elle prescrivait en effet de demander au Roi, « pour que la renonciation produise son effet, » de s’y associer. Or, le 7, la renonciation ne s’était pas produite ; on ne pouvait donc pas demander au Roi, à cette date, de s’associer à ce qui n’existait pas encore. La dépêche devait être placée après le 12, puisque c’est ce jour-là seulement que s’était produite la renonciation à laquelle on priait le Roi de s’associer. De plus, la déclaration lue à la Chambre à l’ouverture de la séance datait encore cette dépêche. Il y était dit : « Pendant que nous discutions avec la Prusse, le désistement du prince Léopold nous vint du côté où nous ne l’attendions pas et nous fut remis le 12 juillet par l’ambassadeur d’Espagne. » Comme on ne pouvait pas supposer que notre ambassadeur eût été expédié d’urgence à Ems pour se promener les bras croisés, il fallait bien admettre que, le 7, d’autres instructions lui avaient été adressées. En effet, la déclaration lue à l’ouverture de la séance distinguait nettement les deux phases de la négociation : la première du 7 au 12, dans laquelle Benedetti demanda au Roi d’ordonner ou de conseiller la renonciation ; la seconde après le 12, dans laquelle il lui demanda de s’associer à la renonciation