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CHAMFORT
Á PROPOS DE LA SUPPRESSION DES ACADÉMIES EN 1792

I
L’ÉCRIVAIN ET LE POLITIQUE

Les Académies furent supprimées par la Convention en 1793[1]. Déjà en août 1790, à l’Assemblée nationale, elles avaient été fort menacées. Comprenant le danger, l’Académie française, la plus directement visée, avait accepté dans un projet soumis à la Commission d’Instruction publique de se réformer, de s’accommoder à l’esprit nouveau, de se plier aux modifications réclamées par l’opinion. Mais c’était bien de réformes qu’il s’agissait ! On ne voulait rien moins que la détruire, et Mirabeau s’apprêtait à le lui faire voir clairement en prononçant contre elle un discours dû à la plume de son ami Chamfort, quand il mourut presque subitement le 2 avril 1791. Cette mort sauva les Académies, — non pas pour longtemps. Avec la Convention les attaques reprirent, de plus en plus fréquentes et violentes à mesure que la crise se précipitait. Enfin, dans la séance du 8 août 1793, sur

  1. Voyez la Revue du 15 août 1907. — Dans un article intitulé la Suppression des Académies en 1793, M. Boissier annonçait son intention de reparler quelque jour de Chamfort à propos du Discours sur les Académies. Ce projet, la mort ne lui a pas permis de l’exécuter entièrement. Mais les notes étaient recueillies, le travail de composition déjà commencé. D’après ces papiers, nous avons rédigé l’étude qu’on va lire. Nous espérons n’avoir pas été trop infidèle à la pensée qui l’a conçue. — Edmond Courbaud.