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LA POLITIQUE EUROPÉENNE
ET
L’ANNEXION DE LA BOSNIE-HERZÉGOVINE

Comment l’initiative simultanée du gouvernement austro-hongrois et du gouvernement bulgare, les 4 et 5 octobre 1908, a jeté l’Europe dans la crise dont elle vient à peine de sortir, nous l’avons raconté ici en son temps. Dans une étude postérieure, nous avons montré, dans la rivalité anglo-allemande, la cause générale et profonde qui, de nos jours, se retrouve dans tous les conflits internationaux pour les envenimer et les fausser. Enfin, nous avons fait voir, dans la pratique du boycottage, l’arme nouvelle dont disposent les peuples pour intervenir directement dans les querelles des princes[1]. Il nous est permis maintenant, la bataille terminée, d’embrasser d’un coup d’œil d’ensemble les phases successives de la campagne et d’en apprécier les résultats. Le comte Schouvaloff, dont on sait le rôle au Congrès de Berlin, écrivait en juillet 1882 : « Je ne me serais jamais imaginé que les difficultés que l’Autriche rencontre en Bosnie-Herzégovine soient aussi considérables. Le plus mauvais, dans cette cession de territoire, c’est que, dans ma profonde conviction, elle menace dans l’avenir la paix de l’Europe. C’est de là que partira un jour la fusée qui mettra le feu aux poudres. Ce sera le brandon qui décidera la question slave[2]… » L’Europe a

  1. Voyez la Revue des 15 décembre 1908, 1er mars et 1er mai 1909.
  2. Cité par M. Charles Printa, La Bosnie et l’Herzégovine devant la future conférence, dans Questions diplomatiques et coloniales, 16 février 1909, p. 252.