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on dételait sa voiture, on la traînait en triomphe. Jamais le souverain n’avait été plus applaudi. Ces souvenirs, nous venons de le voir, ne sont pas plus oubliés en Italie qu’en France. Des nuages passagers se sont parfois élevés entre nous : pourquoi ne le rappellerions-nous pas puisqu’ils ont disparu, et comment, au surplus, aurait-il pu ne s’en former aucun au cours d’une histoire où le voisinage des deux pays a amené et amènera peut-être encore quelques difficultés ? Mais nous savons dorénavant le moyen de les résoudre par des explications franches et amicales. Il fallait faire entre nous un règlement des questions méditerranéennes et africaines ; nous l’avons fait et le ciel sur nos têtes est redevenu pur et serein. Les deux pays, ne voyant que ce qui les unit, peuvent se livrer désormais à l’attrait si doux et si puissant de leurs sympathies réciproques. C’est ce que font aujourd’hui les Italiens avec une spontanéité dont nous sommes touchés très profondément. Il y a là un élan qui, venant de leur cœur, ne saurait manquer d’aller droit au nôtre. Rien ne manque à ces belles fêtes, auxquelles la participation du gouvernement et du parlement n’enlève rien de leur caractère de démonstrations populaires. Nous en lisons le récit dans les journaux avec une émotion plus grande de jour en jour. Deux pays qui ont dans leur histoire tant de noms retentissans, témoins de leurs gloires communes, Magenta. Solferino, Palestro, etc., sont faits pour s’aimer. Leur fraternité d’armes a laissé sur l’un et sur l’autre une empreinte qui reparaît dans les momens décisifs ; et c’est pour le monde un grand exemple, en même temps qu’un sérieux enseignement.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

FRANCIS CHARMES.