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lui avait transmis de réelle force morale, administrative et matérielle. N’en a-t-elle pas, de son côté, trop laissé perdre dans la transformation ?

Le tableau des résultats obtenus permet de s’en rendre compte. Nous en indiquerons quelques traits.


II. — LES RÉSULTATS NAVALS

Ce que la marine produit pour le pays, c’est de la puissance effective : puissance de combat et capacité de préparation. Sans analyser en détail notre flotte, on peut prendre une idée de sa valeur relative, qui dépend d’autre chose encore que des statistiques.

Matériellement, nous avons depuis quelques années perdu le second rang, pour tomber au quatrième, après l’Allemagne et les Etats-Unis, presque à égalité avec le Japon. Pour nous trouver de niveau avec l’Allemagne dans dix ans, il nous faudrait dépenser plus d’un milliard, peut-être deux, rien qu’en unités de première ligne. Notre flotte utile comprend, outre les flottilles, une quinzaine de cuirassés, 5 garde-côtes, 21 croiseurs cuirassés, une cinquantaine de contre-torpilleurs. Les uns et les autres valent à peu près, individuellement, leurs contemporains étrangers. Mais la moitié de nos cuirassés, datant de plus de treize ans, n’ont déjà plus qu’une faible valeur militaire. Dans quelques années ils auront disparu. Le Suffren constituera seul avec les six Patrie, aujourd’hui en service, et les six Danton qui n’y sont pas encore, toute notre flotte cuirassée.

Les garde-côtes et croiseurs cuirassés ne jouent qu’un rôle secondaire ; les seconds se déprécient rapidement. De sorte que plus de la moitié de notre tonnage cuirassé utilisable, qui se monte en milliers de tonnes à 396, ne saurait compter pour l’effort décisif, alors que les 350 de l’Allemagne ne subissent pas un déchet d’un quart, et que l’Angleterre présente un total de plus de 1 300.

Mais le chiffre ne fait pas tout. Les qualités importent autant que les quantités. Malheureusement, sur ce point, il reste à relever de graves défauts. Et si nos rivaux ont les leurs, ils semblent, au total, avoir fait meilleure besogne que nous.

L’homogénéité. — Nos escadres ne sont pas homogènes. Cela tient certes aux fluctuations de notre politique navale, mais aussi