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de Dœllinger que la sienne. Le prince y déclarait que la question de l’infaillibilité était plus qu’une question religieuse et devait attirer l’attention de tous les gouvernemens qui avaient des sujets catholiques. Il invitait ces gouvernemens à lancer en commun une protestation contre les décisions qui pouvaient être prises au Concile sur des questions politico-religieuses, — au cas, par exemple, où le Concile donnerait aux propositions du Syllabus et à l’infaillibilité papale la valeur d’articles de foi, présenterait la doctrine de la suprématie papale comme fondamentale pour la conscience chrétienne et ferait entrer dans le Jus divinum les immunités du clergé. Cette circulaire, qui avait eu l’assentiment particulier de Bismarck, fit long feu devant les réponses négatives de la Prusse et de l’Autriche. Une loi scolaire, votée par la Chambre le 23 février 1869, acheva d’irriter le parti ultramontain. Elle attribuait exclusivement à l’Etat la direction, et la surveillance des écoles et faisait croire au divorce de l’Ecole et de l’Eglise. La Chambre haute, malgré les efforts de Hohenlohe, n’accepta pas cette loi, et dès lors on put prévoir la chute du président du Conseil qui, battu aux élections de novembre 1869, dit avec une mauvaise humeur peu déguisée : « Toutes les petites ambitions fermentent. Les corbeaux, flairant une charogne, s’apprêtent à y voler. J’aspire au moment où je pourrai marcher enfin sur l’ennemi ouvertement et librement. » Cette liberté lui fut donnée le 7 mars 1870.

Il ressortait de ses trois ans de ministère que le prince de Hohenlohe avait soutenu plutôt la politique prussienne que la politique bavaroise. En contradiction avec la majorité des représentans, il s’était inféodé aux idées de M. de Bismarck, et répétait après lui à ses concitoyens que, si la Bavière ne marchait pas dans le sillon tracé par lui et faisait mine d’échapper à ses engagemens, son territoire serait partagé entre le Nord et l’Autriche. « Si la Bavière, disait-il, viole les traités, Bismarck cherchera à les anéantir ! » C’est sous l’empire de cette crainte, et poussé d’ailleurs par ses sentimens personnels, qu’il chercha à mettre la Bavière sous la prédominance de la Prusse et, en cas de guerre, à lui faire reconnaître le roi de Prusse comme chef suprême des armées du Nord et du Sud.

Après sa chute, le prince quitte Munich pour venir à Berlin où il constate que le petit peuple attache le plus grand intérêt aux choses militaires et il prévoit en cas de conflit avec