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de confiance. Ce sont les grands moyens, dont on use dans les momens de péril : il a fallu les employer, tant l’impression produite par le discours de M. Ribot avait été grande. M. Barthou a même fait appel au parti républicain tout entier, comme si M. Ribot menaçait la République et pouvait même être soupçonné de le faire. Son excuse et celle de M. Clemenceau est qu’ils étaient déconcertés. Nous avons vu le moment où ils allaient parler du péril clérical à conjurer : ils l’auraient fait sans doute si M. Touron n’avait pas retiré son amendement. M. Touron n’avait pas voulu, plus que M. Ribot, mettre le ministère en péril. Ce n’est pas le ministère qui était en cause : la question était infiniment plus haute que lui. Il s’agissait même plus que d’une question politique, mais bien d’une question sociale, et le spectacle était saisissant de voir M. Ribot élever naturellement et agrandir son sujet, tandis que le ministère s’efforçait de le rapetisser et de le ramener aux proportions de ses propres personnes. M. Clemenceau a fini par offrir son portefeuille, parce que c’est plus facile que de donner des raisons, et, sinon plus convaincant, au moins plus décisif. Le combat n’a pas été poussé jusqu’au bout ; mais, certes, le gouvernement n’y a pas gagné en autorité, pas plus que l’ordre social en sécurité. La loi a été votée par 251 voix contre 7.

Les vacances approchent : ce seront les dernières avant les élections générales. Nos députés auront beaucoup à faire dans leurs arrondissemens, car le pays commence à s’énerver et à s’inquiéter d’une politique d’agitations fatigantes et décevantes qui aboutit, dans le domaine financier, à l’impôt et à l’emprunt, dans le domaine social, à la grève quasi permanente, et, dans le domaine politique, au néant.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

FRANCIS CHARMES.