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« Eh bien ! soit, dit-il après un peu d’hésitation ; je ne vois pas la nécessité de soutenir la duchesse de Parme. Arrangez-vous comme vous voudrez à son égard. N’en parlons plus dans nos préliminaires, et je ne ferai pas d’objection à reconnaître ce territoire au roi de Sardaigne. »

Pour le duché de Modène, je lui fis valoir la grande concession que nous faisions en reconnaissant les droits du duc, qui pouvait être considéré comme l’adversaire de la France dont il n’avait pas reconnu les gouvernemens successifs depuis 1830, acte d’hostilité que je ne voulais relever que pour en constater le ridicule.

« Oui, dit l’Empereur, c’est une faute qu’il va réparer. — Nous y tenons fort peu, » ai-je ajouté.

Pour la Toscane, l’Empereur dit que probablement le grand-duc abdiquerait en faveur de son fils, qui serait disposé à faire des concessions à ses peuples.

Je fis observer que je n’étais pas appelé à discuter les conditions des Restaurations, mais que je devais m’en tenir à ce que les deux Empereurs avaient arrêté à cet égard le matin.

Je me résumai en disant : « Permettez-moi, sire, d’être très explicite, parce que ceci est un des points les plus délicats, et de résumer ainsi la situation : Les troupes alliées ont conquis Parme, Modène et la Toscane. Pour Parme, vous reconnaissez leur conquête ; pour Modène et la Toscane, l’empereur Napoléon et le roi de Sardaigne ne mettront aucun obstacle matériel à la rentrée de ces souverains ; mais il est bien entendu que vous ne pourrez supposer que nos troupes se prêtent à une Restauration, et, dans aucun cas, nous ne pourrons admettre l’intervention des troupes de Votre Majesté. La France a toujours protesté contre ces interventions avant la guerre, a fortiori aujourd’hui. »

Connaissant les dispositions des populations, je ne lui dissimulai pas que nous établissions un droit qui serait démenti par le fait, puisque je ne prévoyais pas les moyens que ces souverains auraient de rentrer dans leurs Etats. Je vis évidemment que l’Empereur, désireux d’en finir, ne voulait pas approfondir cette question, puisqu’il me dit : « Le duc de Modène a quelques bataillons de troupes italiennes qui lui sont restés fidèles, avec lesquels il espère rentrer dans ses Etats. Quant au duc de Toscane, je ne crois pas qu’il soit si loin de s’entendre avec son