Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 52.djvu/651

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les nombreux recueils de nouvelles manuscrites qui ont été publiés, ainsi que ceux qui sont encore signalés comme inédits dans les dépôts d’archives, ont eu tous pour source, soit les nouvelles de la Paroisse, soit les nouvelles dites de Métra.

Cinq années après la mort du président de Meynières, le dernier survivant des Paroissiens, se tenaient dans l’enclos des Filles-Saint-Thomas, dont le couvent était supprimé (1790), des séances autrement orageuses que celles de l’aimable Paroisse : c’étaient les grands jours de la section révolutionnaire. Admis au seuil d’une pareille assemblée, la gracieuse Mme Doublet et le bon président de Bachaumont auraient reculé d’effroi ; — rien n’avait cependant contribué plus que leurs jolies causeries de dilettantes raffinés à produire cet épouvantable vacarme.

Nous voici arrivés à la fin de cette étude, et nous n’avons pas encore parlé de ceux qui ont donné à l’industrie gazétique, — dont nous avons essayé d’indiquer les origines et le mécanisme compliqué, — son éclat et sa renommée. C’est l’abbé Raynal, auteur célèbre de l’Histoire philosophique des Indes, qui fonde la correspondance littéraire, bientôt nommée Correspondance de Grimm. Il a pour abonnés MM. de Saint-Séverin et de Puysieulx, la duchesse Dorothée de Saxe-Gotha. Son œuvre est identique à toutes celles que nous avons étudiées. Vers 1754, il cède son entreprise au baron Grimm. Celui-ci ne tarda pas à se mettre au premier rang parmi ses confrères de la chronique manuscrite. Il est le prince des nouvellistes. Outre la duchesse de Saxe-Gotha, il compte au nombre de ses « chalands, » comme il dit, la grande Catherine, le grand Frédéric, Caroline, landgrave de Hesse, Stanislas-Auguste, roi de Pologne, le grand-duc de Toscane. Il a pour collaborateurs Diderot, Meister, Mme d’Épinay. Les Salons de Diderot étaient, comme il a été dit, des nouvelles à la main pour le recueil de Grimm. Citons encore les nouvelles à la main de Crébillon fils, celles de Favart, celles de Fréron, sans oublier la correspondance que Mme de Staël adressait sous le titre de « Bulletin de nouvelles » à Gustave III, roi de Suède ; enfin La Harpe. Voltaire avait songé, en 1773, à le donner pour successeur à Thiériot, comme correspondant du grand Frédéric. En 1774, La Harpe commença d’envoyer des gazetins au