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UN POÈTE NATIONAL DE L’ANGLETERRE

ALFRED LORD TENNYSON

L’Angleterre fête en ce moment le centenaire d’un de ses poètes auxquels elle donna le plus de gloire avec le plus d’amour : Alfred Tennyson, né au presbytère de Somersby, dans le Lincolnshire, le 9 août 1809, mort pair du royaume, dans son manoir d’Aldworth, le 6 octobre 1892, enseveli le 12 du même mois, au milieu d’une pompe magnifique et touchante, dans l’abbaye de Westminster. Aujourd’hui que nous pouvons embrasser d’un regard l’ensemble de son œuvre[1], il faut essayer d’en comprendre à la fois l’originalité et la fortune. Nous marquerons le sens de cette commémoration et nous y associerons notre hommage, si nous réussissons à expliquer en quoi et pourquoi Tennyson fut bien vraiment le poète national de l’Angleterre victorienne.


I

Il avait débuté très jeune. Sans parler des Poems by Two Brothers, imprimés à Louth en 1827, et où son frère Charles avait

  1. The Eversley Edition, Macmillan, 9 vol. Cette édition, publiée par le fils du poète, Hallam, lord Tennyson, est enrichie de notes précieuses de l’auteur et de l’éditeur.
    Nous sommes infiniment redevables aux études de nos devanciers dans la Revue : MM. E.-D. Forgues (1er mai 1847), J. Milsand (15 juillet 1851), E. Montégut (15 mars 1866), Léon Boucher (15 avril 1876) et Augustin Filon (1er septembre 1885). — Il faut y joindre l’éloquent et pénétrant essai de Gabriel Sarrazin dans La Renaissance de la poésie anglaise (Perrin, 1889), la belle étude de M. Henry van Dyke : The Poetry of Tennyson (Scribner, New-York : E. Matthews, London) et son admirable choix des Poems of Tennyson (Ginn and C°, Boston).