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Ce n’est pas, il s’en faut, que l’on n’ait rien fait jusqu’ici pour les mettre en valeur. D’après les statistiques publiées l’année de mon séjour, en 1907, l’Etat comptait, — en dehors des noyers, figuiers, oliviers, considérés comme des productions spontanées, — 30 millions d’arbres à fruits : pommiers, abricotiers, cerisiers, pêchers, poiriers, orangers, citronniers. La vigne y donne d’excellent raisin de table, bien qu’on ne sache guère le favoriser, et des vins qui, déjà renommés, pourraient, avec des soins semblables à ceux de France, acquérir très probablement la valeur de nos crus. Même avec une culture assez primitive, vignobles et vergers rapportent en moyenne 250 dollars l’acre ; avec une culture intensive, ils rapporteraient, et le font quelquefois, jusqu’à 1 000 dollars. L’exploitation des forêts donne 8 500 000 dollars de bois pour la construction, et autant pour les autres usages. L’arbre rouge de Californie n’existe pas ailleurs, et les dimensions qu’il atteint en font une curiosité qui attire les touristes ; il en est dans lesquels on a creusé un tunnel pour le passage des voitures. Et ils sont si nombreux qu’en continuant d’en abattre, comme on le fait, 400 millions par an, il faudrait, même s’ils ne reproduisaient pas, deux siècles et demi pour qu’ils disparussent. L’élevage, si on le voulait bien, réussirait aussi parfaitement en Californie ; avec ce climat tempéré, qui presque partout reste le même en hiver et en été, — à tel point que les vêtemens de janvier servent au mois d’août, — on peut laisser les troupeaux au grand air et à une nourriture plus saine tout le long de l’année, économisant ainsi la dépense du foin et de l’étable. C’est un avantage, du reste, qui commence à être compris d’un nombre de colons déjà appréciable, mais qui devrait augmenter plus vite. Et que d’autres moyens de faire fortune attendent les trop rares fermiers ! Ne suffit-il pas d’indiquer, par exemple, que la Californie envoie tous les ans au dehors une vingtaine de millions pour les œufs et les poulets qu’il serait si facile de produire sur son territoire ? Mais, pour n’insister que sur les sources de richesse les plus importantes maintenant, constatons que l’industrie, magnifiquement favorisée par les gisemens de gaz naturel ainsi que par la force hydraulique dérivée en surabondance des torrens de la Sierra, donne déjà pour plus de 400 millions de dollars par an d’objets manufacturés ; — ajoutons que l’exploitation minière n’est pas limitée à l’or, mais s’étend à quantité d’autres substances, comme le cuivre,