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LETTRES DE LOUIS-PHILIPPE ET DE TALLEYRAND.

l’envoyé ci-joint. Je crois qu’il serait bon de l’envoyer sans délai à M. de Talleyrand, peut-être même d’en parler à lord Granville. Le maréchal Gérard me dit dans la lettre qu’il m’écrit qu’il apprend que sir Robert Adair qui avait reçu une lettre de lord Palmerston pour presser la retraite de l’armée française était tellement frappé de la nécessité d’en conserver une partie, qu’il écrivait à son gouvernement qu’il faudrait s’attendre à de grands malheurs en Belgique, s’il n’y restait pas une partie de notre armée jusqu’à ce qu’on eût pris des mesures tant pour prévenir une nouvelle attaque de la Hollande que pour prévenir même une guerre civile. Il paraît que tout est désorganisé dans ce malheureux pays. Mais demain, vous verés ma lettre, ou ce soir, si vous venés. — L. P.

Vous voyez même, que ce que craint le Roi Léopold n’est pas seulement notre évacuation complette, mais que nos troupes s’éloignent de la frontière Hollandaise. Je regrette que Gérard n’ait pas envoyé copie de la lettre du Roi. Cet état de choses ne peut durer, il faut que le Roi de Hollande signe au moins un traité avec le Roi des Belges, ou un armistice qui ne puisse être rompu qu’à trente ou quarante jours de notice.


Jeudi à 11 heures et demie du soir, 8 septembre 1831.

Mon cher Général, je crains qu’on n’ait fait une inconvenance. On a porté ma lettre pour le Roi des Belges aux Affaires étrangères et n’y ayant trouvé personne, on m’a rapporté ma lettre que j’ai dit de porter au bureau des Postes en ordonnant de l’expédier par estafette à Bruxelles. Ce n’est qu’au bout d’un moment que la réflexion m’a suggéré l’inconvenance d’écrire directement par estafette au Roi des Belges, sans double enveloppe à la personne compétente ; mais il n’était plus tems, ma lettre était partie. Elle arrivera à Bruxelles samedi de grand matin, on ira le réveiller pour une dépêche du Roi des Français !… Cela me désole, mais c’est sans remède.

Veuilles écrire demain au général Belliard pour qu’il en fasse des excuses.

Bonsoir. — L. P.

J’espère au moins que ma lettre arrivera sûrement, mais cela me tourmente. Il faut vous en assurer, et qu’on vous