Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 56.djvu/557

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

organisation telle que des savans puissent y faire des études suivies sur les mœurs et sur l’intelligence des animaux, sur leur acclimatation et leur naturalisation, ni sur les conditions diverses de leur vie.

Le temps est venu pourtant, aujourd’hui que les âpres discussions sur le Lamarckisme et le Darwinisme sont terminées, de passer de la théorie à la pratique et de constater, par de vastes expériences poursuivies dans une longue suite de temps, si la nature peut vraiment se modifier et si l’homme pourra un jour découvrir et utiliser ses lois encore inconnues.

La ménagerie de notre Jardin des Plantes nous avait paru d’abord devoir être le champ tout indiqué pour un pareil essai de réorganisation d’un jardin zoologique. Il y a cent quinze ans, en effet, le Muséum d’histoire naturelle donnait un exemple au monde savant en joignant à ses collections de musée une grande réunion d’animaux vivans, et nous pensions qu’il lui appartenait encore de s’engager dans ces voies nouvelles de l’observation et de l’expérimentation continue de l’animal vivant. Mais comme l’espace dont dispose le Muséum est trop restreint pour qu’on puisse y entreprendre de vastes expériences d’acclimatation ; comme, d’autre part, l’Etat a déjà dépensé beaucoup pour ses universités et ses grandes écoles d’enseignement supérieur, et comme il a encore beaucoup à faire pour maintenir ces établissemens, la ménagerie du Muséum, en particulier, à la hauteur des exigences de la science actuelle, il nous a paru qu’il était bien difficile de lui demander ici de nouveaux sacrifices. Nous rappelant alors ce que nous avons vu à l’étranger en fait d’initiative privée, nous avons pensé que cette initiative était la seule voie à la fois pratique et féconde dans laquelle on devait s’engager.

Avant tout, il nous fallait chercher le terrain propice sur lequel pouvait être installé un établissement qui fût en même temps un Jardin de zoologie expérimentale et un Parc d’acclimatation ; il fallait trouver un espace vaste, pouvant être facilement agrandi dans l’avenir, isolé de toute agglomération nombreuse et pourtant situé à proximité de Paris : pour tout cela, nous avons pensé qu’il n’y avait rien de mieux à faire que de restaurer d’abord l’ancienne ménagerie royale de Versailles.

Nous sommes allé sur place pour nous rendre compte de ce qui restait de cette ménagerie ; nous avons lu le peu qui