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d’une meute de petits chiens que lui avait envoyés son grand-père, le roi de Sardaigne. La Cour revint, en 1722, avec le jeune Louis XV, habiter Versailles. L’année suivante, la majorité du Roi fut déclarée et on parla de son prochain mariage avec la fille du roi de Pologne, Marie Leczinska. Apprenant alors que ce roi détrôné avait une grande et belle ménagerie dans son château de Lunéville, la Direction des bâtimens se rappela que le roi de France en avait une aussi à Versailles et elle y fit faire quelques réparations.

La reine Marie vint en effet se promener de temps en temps à la ménagerie, mais Louis XV paraît s’en être désintéressé à peu près complètement. Pendant tout le règne, aucune fête n’y est donnée ; aucune visite royale n’y est connue et c’est au château de Versailles même, dans le vaste salon de Mercure, que Louis XV se fait montrer quelques-uns des animaux qui, par force d’habitude acquise et de règlemens toujours en vigueur, continuent à être envoyés à la ménagerie. Malheureusement cette indifférence du Roi s’étendait à la Surintendance des Bâtimens elle-même, qui était dirigée alors par M. de Marigny. Si, en 1750, le duc de Luynes peut encore écrire que les appartemens du petit château de la ménagerie sont en très bon état « et que les dorures, les peintures, les sculptures et les plafonds qui sont charmans s’y sont bien conservés, » en revanche, nous avons trouvé, aux Archives nationales, des lettres du concierge La Roche, de l’inspecteur du parc et des jardins de Versailles Lécuyer, de l’architecte royal Gabriel, qui tous signalent, dans la ménagerie proprement dite, l’état de délabrement des bâtimens. À ces plaintes réitérées la Surintendance répondait toujours que l’état des finances de la Cour ne permettait pas de faire toutes les réparations proposées et demandait de réduire le nombre des bâtimens de la ménagerie au strict nécessaire.

Pendant ce temps les arbres mouraient sans être remplacés, et d’autres étaient abattus pour être vendus, mais on continuait à garnir de fleurs les jardins de ce que l’on n’appelait plus alors que « l’ancienne ménagerie. » Le jardinier de la Duchesse de Bourgogne, Haudouin, était mort. Il avait été remplacé par un nommé Gardon que l’on avait chargé, en plus, du nettoyage des cours de la ménagerie ; pourtant son traitement avait été réduit à 600 livres par an, et encore, sur cette somme, devait-il payer