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lumière, et on fut obligé de laisser les portes d’entrée sans fermeture. Depuis ce temps, les deux pavillons, ainsi mutilés, sont restés ouverts à tous les vents.

En 1825 Charles X, continuant l’œuvre commencée par Napoléon Ier dans la reconstitution de Versailles, offrit 80 000 fr. à Fessart pour le rachat des 5 hectares de la ménagerie ; mais comme Fessart en demandait 300 000, l’affaire n’eut pas alors de suite. Les négociations furent reprises en 1836, sous Louis-Philippe, cette fois, sur des propositions de Fessart : elles aboutirent, et la ménagerie redevint alors définitivement domaine national. Elle fut d’abord laissée sans aucune affectation ; puis, en 1847, on projeta de la remettre dans son ancien état, sauf le petit château, et d’y établir un haras royal pour étalons arabes. Ce projet fut réalisé en grande partie comme le montre le plan géométrique dressé deux ans après. On rétablit les anciennes portes : celle qui donnait du côté de Versailles, avec l’avenue d’entrée, et celle qui donne du côté de Trianon. On restaura l’escalier monumental qui montait du canal et, sur deux des piédestaux vides de leurs anciennes statues, on plaça deux groupes de Nanteuil qui y sont encore aujourd’hui. La grande mare des pélicans, qui avait été comblée sous Louis XV, fut creusée et remplie à nouveau d’eau courante. Enfin la basse-cour devint la cour du Haras. La Révolution de 1848 ne permit pas de poursuivre l’œuvre commencée. Le haras, à peine installé, fut supprimé, et la ménagerie fut rattachée à<la ferme voisine qui était louée par l’Etat à un particulier et dont elle forme aujourd’hui une dépendance.


Malgré l’abandon dans lequel les pouvoirs publics l’ont laissée depuis plus de cent ans, la ménagerie de Versailles existe toujours ; du moins, ses restes sont reconnaissables, et celui qui connaît son histoire peut retrouver facilement toutes les parties qui la constituaient jadis. Le visiteur y arrivera, comme autrefois, par l’Allée de la Reine, mais il se heurtera d’abord à des murs fermés, derrière lesquels il verra s’élever d’immenses hangars en bois. Ces constructions, qui occupent l’emplacement de toute la partie orientale de la ménagerie jusqu’au petit château et à la basse-cour, sont les bâtimens de l’Ecole d’aérostation du génie. Le visiteur tournera donc à sa droite, longera le grand mur gris de la ménagerie bordé d’une