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de retourner à Metz et était parti de Londres pour s’y rendre, avait prié Monts de ne pas insister à ce sujet auprès de Bismarck, puisqu’il avait reçu satisfaction.

Quand l’Empereur eut appris que le commandement avait été donné à Bourbaki dans un des corps de la Défense nationale, il considéra ce nouveau poste comme une compensation. La nouvelle de la prise d’Orléans par les Prussiens l’attrista profondément et lui fit craindre une issue funeste de la guerre. Renonçant alors aux suggestions qui lui avaient été faites : « Il est impossible, dit-il, de gouverner en France après avoir perdu l’Alsace-Lorraine, » Il ajoutait que si, lui. Empereur, acceptait de telles conditions, tout retomberait sur sa tête. Le Parlement, l’opinion, les divers partis l’accableraient et lui reprocheraient une guerre insensée, terminée par de tels sacrifices, A quoi Monts répliqua qu’il fallait bien les faire, puisque les victoires de la Prusse la mettaient en droit de l’exiger. Il rappelait qu’en France on avait longtemps demandé la frontière du Rhin et la rupture des traités de 1815. La France avait souvent elle-même envahi l’Allemagne et fait des conquêtes sur son propre sol et même aurait voulu en faire davantage. Les exigences de la Prusse étaient bien naturelles. Il fallait régler une bonne fois son compte avec le gouvernement français et reculer les frontières allemandes pour avoir une paix qui durât. Sans doute, cela amènerait entre la France et la Prusse un état permanent d’hostilités, « On ne pouvait prévoir, avouait le général, si la lutte entre les deux nations ne deviendrait pas une guerre de Cent ans comme celle de l’Angleterre et de la France. » Mais cette paix si douloureuse était devenue une nécessité inéluctable.

Les écrits publiés par certains généraux, pour justifier leur conduite, affectèrent beaucoup l’Empereur : celui de Wimpffen lui fut, entre autres, très désagréable. Après l’issue si malheureuse de la bataille de Sedan, Wimpffen avait cherché à Stuttgard, où il était interné, à justifier ses opérations stratégiques et avait malmené naturellement certains officiers généraux. Napoléon lui donnait tort. It lui envoya le commandant Hepp pour lui demander certains renseignemens, car il s’occupait alors lui-même d’un travail approfondi sur la capitulation de Sedan. « Wimpffen, dit Monts, s’était fait peu d’amis à Stuttgard. L’Introduction