Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 59.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si la capacité de transport est une qualité positive, la faculté de naviguer à une altitude élevée est, au point de vue militaire une qualité plutôt négative. Certes, il peut y avoir intérêt au point de vue des observations à s’élever à grande hauteur ; toutefois, en dehors des pays de montagnes proprement dits, lorsque l’on est à 4 ou 500 mètres et que l’on a la faculté d’évoluer à son gré, on domine assez le terrain pour en observer les replis les plus cachés sans éprouver le besoin de s’élever plus haut.

Mais en se tenant à ces hauteurs modérées, les navires aériens constituent un but trop facile pour les projectiles de l’artillerie ennemie. Leur vitesse de translation gêne certainement le réglage du tir ; elle ne le rend pas impossible ; le seul moyen d’échapper au feu de l’adversaire est de s’élever assez pour se mettre hors de portée. Théoriquement, il faudrait monter à près de 3 000 mètres pour se procurer une immunité absolue ; mais on considère que dans la pratique une telle élévation ne sera pas nécessaire, et qu’en naviguant à 1 500 mètres, on aura très peu de chances de recevoir des projectiles.

Quoi qu’il en soit, l’ennemi ne renoncera pas à détruire nos aéronefs ; mais il sera obligé de venir les attaquer dans leur élément au moyen d’autres navires aériens. Comme il en aura besoin lui-même pour effectuer des reconnaissances, il ne pourra pas toujours les immobiliser dans des poursuites ; dans tous les cas, s’il veut détruire les flottes adverses, il faudra qu’il s’en donne la peine, et qu’il risque de compromettre ses propres dirigeables ou ses aéroplanes de guerre. Si des aéronefs militaires étaient incapables de s’élever à la hauteur de 1 500 mètres, ils rendraient la tâche de l’ennemi trop facile, et leur rôle effectif serait sans doute de courte durée.

Nous devons donc constituer notre flotte aérienne avec des unités susceptibles de naviguer pendant 600 kilomètres de suite, montées par quatre ou six personnes, capables de se maintenir à 1 500 mètres d’altitude, au moins pendant une grande partie de la route, et enfin douées d’une vitesse propre égale, sinon supérieure, à celle de l’adversaire.


VI

Parmi les navires aériens existant actuellement en France ou à l’étranger, quels sont ceux qui possèdent ces trois qualités