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toutefois, certains incidens semblent faire croire que ce personnel ne possède pas toujours les qualités nécessaires.

Quoi qu’il en soit, c’est pour notre administration militaire un devoir impérieux de réorganiser sur des bases nouvelles notre corps d’aérostiers. Il faut en augmenter l’effectif ; quanta son éducation professionnelle, nous sommes certains qu’elle ne laisse rien à désirer ; les excellentes traditions de ces troupes et leurs services antérieurs sont un sûr garant de ce qu’on peut attendre d’elles à l’avenir.

Rappelons à ce propos quelques faits à l’actif de nos aérostiers militaires. En 1894, une équipe manœuvrait à bras un ballon captif ; la force ascensionnelle de l’aérostat n’était équilibrée que par l’effort exercé par ces hommes dont chacun devait tirer sur une corde avec une force d’environ quinze kilogrammes. Au moment où la manœuvre s’exécutait, une détonation violente retentit ; un hangar situé à 200 mètres environ sembla se soulever loin du sol, et de ce point partirent des projectiles de toute nature, tuiles, débris de bois, morceaux d’acier dont quelques-uns venaient rouler jusqu’aux pieds des aérostiers. Dans ce hangar qui renfermait un approvisionnement considérable d’hydrogène sous pression, l’un des récipiens venait de faire explosion et d’occasionner tout ce désastre. Sous l’influence d’une émotion bien naturelle, les mains des aérostiers se seraient ouvertes, et le ballon se serait échappé qu’on n’aurait pas eu grand reproche à leur faire ; mais il n’en fut pas ainsi, les hommes tinrent bon, et, après quelques secondes d’hésitation, l’officier continua la manœuvre et fit rentrer le ballon en lieu sûr. Alors seulement on s’occupa d’aller constater les dégâts de l’explosion.

Sans nous étendre en détail sur les qualités des aérostiers, rappelons qu’ils parviennent couramment à gonfler et à mettre en position d’ascension, en moins d’une demi-heure, un ballon captif plié en paquet dans sa voiture de transport ; qu’ils ont, il y a un an, maintenu campé en plein air, par de véritables bourrasques, un dirigeable de plusieurs milliers de mètres cubes, et cela pendant quinze jours de suite. On peut tout attendre de troupes semblables. Notre personnel n’a donc besoin que d’être complété. Quant au matériel, il faut le constituer en commandant un nombre suffisant de gros dirigeables ; mais il ne faut pas oublier qu’à côté de l’aéronef lui-même, on doit