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faussée par les dettes qui grevaient la propriété foncière, et que l’archonte, en retirant partiellement aux créances la sanction de l’autorité publique, remit les institutions d’accord avec la réalité. On put dès lors répartir entre les différentes classes les droits et les charges, et cette répartition resta en vigueur jusqu’au Ve siècle.

On conçoit qu’à un moment donné, l’autorité ait fait procéder à un recensement général des propriétés. Mais comment s’expliquer que, dans une société primitive, l’Etat ait par la suite tenu la liste à jour, qu’on ait procédé régulièrement à l’opération si délicate qui consiste à déterminer le revenu de chacun ?

Il faut remarquer d’abord qu’il ne s’agissait que de revenu foncier, et que, dès cette époque, certaines institutions supposent l’existence d’un cadastre au moins rudimentaire. On nous dit par exemple que, sous les Pisistratides (541-510), un impôt général était perçu sur les revenus du sol. Ainsi, jusqu’en 510 tout au moins, l’Etat connaissait ou était censé connaître ces revenus. L’impôt direct disparut avec le rétablissement du régime républicain : il était considéré assez généralement, chez les Grecs, comme un signe de servitude. A partir de ce moment, on dut s’en tenir à la déclaration des citoyens pour savoir quel rang devait leur être assigné dans la cité, à quels honneurs ils pouvaient prétendre, quelles charges ils étaient prêts à assumer.

Malgré tout, il vaut la peine d’examiner ce que représentent les chiffres fixés par les anciens législateurs, au moment où ils nous donnent encore une idée assez précise de la richesse des différentes classes. Ce sont des chiffres minima : mais on peut admettre que, dans chaque classe, la majorité des membres de la classe avait une fortune voisine de la limite inférieure. Le fait est assez général dans les sociétés humaines pour pouvoir être affirmé de la cité attique à l’époque des guerres médiques (490-480).


A l’origine, la division des classes avait été fondée uniquement sur la production en céréales : le terme de pentacosiomédimnes (les hommes aux 500 médimnes) est significatif à cet égard. Le médimne était l’unité de mesure pour les solides, représentant à peu près la quantité de blé qu’un homme peut porter seul (51 l. 84).