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prompts dans l’action, ardens dans les attaques, solides dans les retraites, marcheurs infatigables… ils réunissaient à un haut degré toutes les qualités d’une excellente troupe d’infanterie. »


III

Les lettres de Cuvillier-Fleury nous permettent de suivre l’impression produite sur la société parisienne par la publication des deux articles qui avaient paru successivement dans la Revue des Deux Mondes. Ce fut un régal pour tous les esprits distingués et indépendans. La belle simplicité du langage, la franchise du ton, lardent patriotisme qui inspiraient l’œuvre entière conquirent tous les suffrages. Il y avait d’ailleurs quelque chose de pathétique dans la situation de ce soldat exilé, séparé de ses compagnons d’armes, privé de la joie de se battre avec eux sous le drapeau de la France et leur envoyant du fond de son exil le salut cordial de leur ancien commandant. Dès le premier article, un des meilleurs juges du temps, Charles de Rémusat, adressait ses plus vives félicitations et devançait la pensée du prince en suggérant l’idée de donner un pendant à l’histoire des zouaves par l’histoire des chasseurs à pied. Que d’épisodes, que de noms intéressans à évoquer dans cette nouvelle étude, quel hommage à rendre au créateur, à l’organisateur de ce corps d’élite ! Quelle magnifique occasion de rappeler à la France ce que le Duc d’Orléans avait fait pour l’armée ! Saint-Marc Girardin, Rigault, le salon des Broglie, les Delessert, Eugène de Lanneau témoignent leur admiration. Salvandy, ancien ministre de l’Instruction publique, félicite l’auteur au nom de l’Université qui reconnaît en lui son élève et son lauréat. Dans une lettre dont je dois la communication à l’obligeance de M. Henri Limbourg, il remarque très finement qu’il faut louer dans le récit tout ce qui n’y est pas autant que ce qui y est, c’est-à-dire le silence absolu que le prince garde sur ses propres actions. Le Duc d’Aumale parle de tout le monde, excepté de lui-même. Bussières, ancien ministre plénipotentiaire, s’y était trompé et, après avoir lu l’article, pris d’un accès de colère, l’avait rejeté violemment sur la table de son salon devant témoins en disant. « En voilà un lâche, qui raconte une histoire des zouaves, qui parle de l’Afrique l’espace de trente pages, nomme tous les