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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 59.djvu/422

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télescopiques. La mer, beaucoup plus étalée, occupe les quatre cinquièmes de la surface. Les parties continentales sont hérissées de montagnes qu’on voit très bien lors des phases de la planète et qui, d’après les estimations des astronomes, atteindraient une douzaine de kilomètres.

Donc, de même que la Terre occupe dans l’espace une situation intermédiaire entre celle de Mars et celle de Vénus, de même elle se classe entre ces deux astres, si analogues au fond, par l’épaisseur de son atmosphère comme par l’étendue relative de ses océans et de ses continens. Plus âgée que Vénus et plus jeune que Mars, elle semble avoir atteint un degré d’évolution transitoire entre le degré où en est encore Vénus et celui où Mars est parvenu. En proie au refroidissement continu, Vénus absorbe peu à peu ses océans, au fur et à mesure de l’épaississement de sa croûte solide. Elle finira par être dans les conditions de la Terre actuelle, puis elle les dépassera pour parvenir au point où nous observons Mars.

C’est là une suite bien intéressante apportée à l’histoire des origines qui seule a occupé Laplace. Il est d’autant plus permis de l’accepter comme légitime que l’observation du ciel lui procure une conclusion d’une singulière portée.

Il se trouve, en effet, que notre satellite, — la Lune, — possède un ensemble de caractères qui conviennent à un astre encore plus avancé en développement que Mars, où continuent de subsister des restes importans des fluides initiaux, atmosphère et océans. Sur la surface de la Lune, les recherches les plus minutieuses n’ont fait apercevoir aucune trace de vapeurs ou de gaz, et il semble bien, malgré des informations lancées de temps en temps dans la presse et qui n’ont aucune base sérieuse, que cette notion soit définitive.

On s’explique d’ailleurs aisément que la Lune, bien qu’elle gravite avec la Terre, c’est-à-dire dans des régions du ciel plus voisines du Soleil que celles où se développe l’orbite de Mars, ait cependant atteint un degré d’évolution plus avancé que celui de ce dernier. Son volume, beaucoup plus faible, a, d’après les lois du refroidissement, précipité les étapes de ses transformations successives. Il n’y a pas à supposer un seul instant que notre satellite ait été de tous temps privé d’enveloppes aériformes, car les phénomènes volcaniques, essentiellement liés à l’intervention des vapeurs et des gaz, y ont laissé des vestiges